L’Esprit qui planait sur les eaux du tohu-bohu primitif pour organiser la création, continue à planer sur notre monde pour faire jaillir la vie : il est le milieu divin indispensable pour la réalisation du projet créateur, de l’Église.
« Dieu nous a élus en lui dès avant la création du monde pour que nous soyons saints et immaculés en sa présence dans l’amour […] ; il a déterminé d’avance que nous serions pour lui des fils adoptifs en Jésus-Christ. » (Ep 1, 4-5) Tout cela dépasse nos forces humaines, mais l’Esprit Saint nous a été donné, il a répandu en nous l’amour de Dieu et il ne cesse de diffuser l’amour divin dans nos cœurs, il est venu pour cela, sa mission est de permettre aux torrents d’amour de la Trinité sainte de couler en chacun de nous. Sa mission est de mettre son emprise sur nos âmes pour que, souples et dociles entre ses mains, nous devenions enfant de Dieu car seul l’enfant de Dieu est mû par l’Esprit de Dieu.
Nos relations avec l’Esprit Saint doivent être intimes, continuelles, demandons-lui de communier à sa pensée, de tout faire en communion avec lui. Nous devons toujours nous appuyer sur lui, nous en avons besoin. A chaque instant, nous devons être dans la dépendance de l’Esprit Saint, convaincus que, sans son action, nous ne pouvons rien faire.
Appuyons-nous sur l’exemple des saints, rappelons-nous l’aveu de la petite sainte : « On se trompe toujours, on me croit forte, c’est le bon Dieu qui me donne juste le nécessaire » Sa pauvreté l’obligeait à appeler l’Esprit Saint et il lui donnait à chaque instant tout ce dont elle avait besoin. Voilà la grande loi de l’agir divin : il nous fait sentir notre pauvreté pour provoquer en nous un mouvement d’espérance, pour creuser en nous la confiance. Comme le disait le bienheureux Père Marie-Eugène : le bon Dieu nous fait sentir notre rien pour que nous apprenions à tout attendre de lui. L’Esprit Saint est le Père des pauvres.
Comme les premiers disciples, l’Esprit Saint nous invite tout d’abord à chanter à notre tour les merveilles de Dieu. Il ouvre nos yeux sur toutes ces merveilles que Dieu ne cesse d’accomplir au cœur de sa création comme dans le cœur de chacun de nos frères. N’ayons pas peur de laisser éclater notre joie devant tant de merveilles !
Comme Pierre, l’Esprit Saint nous invite ensuite à devenir des témoins, des témoins qui pourront affirmer haut et fort : « Jésus est vivant dans ma vie, il est mon Seigneur, il est tout pour moi ! »
Et voilà qu’il nous arme de puissance pour fortifier en nous l’homme intérieur, pour que le Christ habite en nos cœurs par la foi et que nous soyons enracinés, fondés dans l’amour.
Il vient au secours de notre faiblesse et intercède pour nous. Il nous donne sa force, son amour pour que nous puissions aimer divinement. Je suis incapable d’aimer, j’en fais l’expérience tous les jours ; mais l’Esprit Saint vient aimer en moi et je ne cesse d’en faire l’expérience : dès que je lui demande de venir aimer en moi, il me donne son amour, un amour qui vient tout transfigurer. N’ayons pas peur de tirer l’Esprit Saint par la manche pour qu’il transforme notre cœur de pierre en cœur brûlant d’amour.
Aujourd’hui, la joie de l’Esprit Saint est de se donner à nous, et sa présence en nous nous comble d’amour, de joie, de paix, de patience, de bonté, de bienveillance, de foi, d’humilité, et de maîtrise de soi. Comment ne pas nous enthousiasmer devant tant de merveilles : puisque l’Esprit nous fait vivre, laissons-nous conduire par l’Esprit ! Vivons sous l’impulsion de l’Esprit (cf. Gal 5, 25).
Je me souviens de l’amour du bienheureux Père Marie-Eugène pour l’Esprit Saint : il était son ami et son désir était que tous nous puissions en faire l’expérience. Dans son testament spirituel, il disait : « Que l’Esprit Saint descende sur vous, que vous puissiez tous dire le plus tôt possible que l’Esprit Saint est votre ami, que l’Esprit Saint est votre lumière, que l’Esprit Saint est votre maître. » Je suis sûr qu’aujourd’hui encore, le nouveau bienheureux de notre diocèse saura faire assez de bruit auprès du Bon Dieu pour que l’Esprit Saint nous soit donné en surabondance et continue à faire des merveilles en nous.
Enfin, remercions la Sainte Vierge, pour sa fécondité de grâce qui ne cesse de jaillir et de nous entraîner pour nous livrer à l’emprise de l’Esprit Saint et faire de nous tous ses enfants.
+Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d’Avignon