La fête de la Toussaint n’est pas la fête des morts, mais des vivants. Elle nous est donnée par l’Église pour rejoindre tous ceux de nos familles qui tout au long de leur vie ici-bas se sont livrés à l’emprise de l’Esprit Saint ; ils ont appris à vivre dans le Christ au sein de la grande famille des chrétiens. Ils n’étaient peut-être pas parfaits, ils ont commis des péchés, mais ils ont accepté d’accueillir la miséricorde divine qui ne cesse de couler du cœur transpercé de Jésus en Croix.
Arrivés au terme de leur vie, ils ont franchi les portes de la mort, ultime dépouillement qui leur a ouvert les portes de la Vie, Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie les aura accueillis au sein de l’Église du ciel. Désormais, ils reçoivent la mission d’intercéder pour l’Église de la terre et d’assurer le lien avec nous. Ils continuent à nous aimer, mais désormais avec l’amour même du Christ, et leur désir est de nous aider à cheminer vers la Vie pour les rejoindre au sein de l’Église du ciel. Nous sommes faits pour cela.
Au lendemain de la fête de la Toussaint, nous faisons mémoire de tous nos frères défunts et nous prions pour eux, pour tous ceux qui arrivés au terme de leur chemin ici-bas ne sont pas encore prêts à entrer dans la Vie. Ils comprennent qu’il leur faut encore se préparer pour pouvoir entrer dans la plénitude du Corps du Christ, le Seigneur leur accorde une ultime purification possible grâce à l’intercession de l’Église de la terre ; l’Église parle alors du purgatoire. Pour réaliser la plénitude de la communion des saints, le Seigneur nous invite alors à prier pour les âmes du purgatoire, à intercéder pour elles auprès de lui afin qu’elles soient purifiées de tout ce qui les empêche d’entrer dans la plénitude de la Vie au sein de la Trinité sainte, dans le Fils bien-aimé du Père au souffle de l’Esprit Saint. Quelle joie de découvrir tous ces liens qui nous relient ainsi les uns aux autres pour le bien de tous.
Dans notre monde, tout le monde parle de solidarité, sans souvent en vivre. Mais nous, entre l’Église militante de la terre et l’Église souffrante du purgatoire, nous vivons une authentique solidarité dans la charité. De même, entre l’Église triomphante du ciel et l’Église militante de la terre, la solidarité est permanente, les saints intercèdent en permanence pour nous, sans parler des anges qui ont reçu mission de Dieu d’être à nos côtés pour nous guider sur le chemin de la Vie. Malheureusement, trop souvent nous ignorons tous ces liens qui se tissent sans cesse entre le ciel et la terre !
Enfin, au terme du mois de novembre, l’Église nous invite à célébrer la fête du Christ Roi de l’univers. Mais attention de ne pas nous tromper, il n’est pas roi à la manière du monde : sa royauté est celle de la miséricorde, son trône est une croix, sa couronne est une couronne d’épines et son sceptre un roseau. Tout le monde le bafoue, se moque de lui, les autorités civiles et militaires, les autorités religieuses, le peuple qui est venu assister à son exécution. Lui élevé de terre attire alors à lui tous les hommes et il s’écrie : « J’ai soif ! », « J’ai soif de ton amour, je meurs pour toi, pour que tu puisses entrer dans la vie, ne me refuse pas ton amour, je viens le mendier auprès de toi ! » Il s’adresse à chacun de nous et de son cœur transpercé sur la Croix jailliront les sources de l’amour, les sources de la miséricorde qui aujourd’hui encore nous apportent la Vie à tous et à chacun. Vais-je l’accueillir ? Vais-je accueillir l’amour ?
+ Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d’Avignon