Depuis des mois, notre monde avance sans savoir ce que demain sera : covid 19 ou non, reconfinement ou non ! Tous les professionnels se demandent si demain, ils pourront continuer à travailler dans des conditions à peu près acceptables. Bien des professions sont encore en arrêt quasi complet et se demandent s’il sera possible de survivre à cette crise sans précédent. Le mois d’août touche à sa fin et beaucoup se demandent comment la vie va pouvoir reprendre, avec quelles contraintes en entreprise. La rentrée scolaire et universitaire approche et rien n’est encore très clair.
Dans le diocèse, la vie reprend doucement, mais nous ne savons pas, nous non plus, de quoi demain sera fait. Nous devons continuer à mettre en place les distanciations nécessaires, le port obligatoire du masque dans nos églises, le lavage des mains au gel hydro-alcoolique avant le commencement et à la fin de chacun de nos offices. Tout cela pèse sur les uns et les autres, et les jeunes sont les premiers à souhaiter passer outre pour retrouver une vraie convivialité avec toutes ses expressions naturelles. En même temps, tous le comprennent bien, il faut garder le réflexe du bien commun, je me dois de protéger les autres en respectant ce qui nous est demandé et en même temps, j’attends que les autres en fassent de même pour me protéger.
Et si cette crise sanitaire pouvait être à la source d’un regard nouveau sur la vie, sur les événements, sur la fraternité entre les hommes et son expression la plus concrète au quotidien ? Et s’il nous était donné de redécouvrir toute la force de la parole de saint Paul : “Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu !” (Rm 8, 28) ? Si nous vivons dans l’amour de Dieu, alors Dieu fait concourir à notre bien tout ce qui peut nous arriver, quelle merveille ! Quoi qu’il nous arrive, de ce qu’il m’est donné de vivre, Dieu fera jaillir ce qui est le meilleur pour moi.
De même, dans sa première lettre aux Thessaloniciens, Paul affirme : “Soyez toujours dans la joie, priez sans cesse, en toute circonstance rendez grâce à Dieu, c’est sa volonté sur vous dans le Christ Jésus. N’éteignez pas l’Esprit” (1 Th 5, 16-19). Nous avons dans ces quelques consignes de vie de Paul un trésor pour nous aujourd’hui : se réjouir en permanence, vivre enracinés dans la prière, notre cœur uni à Lui, et surtout en toute circonstance dire “Merci Seigneur !”
Je garde le souvenir d’une retraite de confirmation où j’avais donné ces versets de Paul comme règle de vie pour les trois jours de retraite : quoi qu’il arrive, en toute circonstance, chacun se devait de dire “merci Seigneur !” Au commencement, ce fut comme un jeu, puis, chacun y a pris goût, et au retour du camp, dans une famille où deux enfants étaient venus à la retraite, ce fut la révolution : le soir du retour, la maman commençait à s’en prendre à sa fille qui n’avait pas rangé sa chambre et en la regardant celle-ci répond : “Merci Seigneur !” La maman ne savait plus que dire, et ce fut la même réaction entre le papa et le garçon. Alors la famille s’est mise à table et les parents ont demandé à leurs enfants ce qu’était cette histoire du “Merci Seigneur”. Au terme d’un bon temps d’échanges, il fut décidé que dans la maison ces deux mots deviendraient la règle pour tous, les enfants comme les parents. La vie dans la famille en a été complètement transformée.
Et si, en ces temps où nous ne savons pas ce qu’il nous sera demandé de vivre demain, nous prenions au sérieux ces mots de Paul et les mettions en pratique concrètement dans toutes nos relations ? Notre monde en serait transformé et la vie retrouverait le goût de Dieu sous la conduite de l’Esprit Saint, surtout ne l’éteignez pas !
“Merci Seigneur !” pour la magnifique rentrée que nous allons vivre dans la joie, dans la prière et dans l’action de grâce pour toutes les merveilles que tu vas nous donner de vivre.
Bonne rentrée à tous !
+ Jean-Pierre Cattenoz
Archevêque d’Avignon