Quand une femme ou un homme demande à devenir chrétien, l’Église l’accueille toujours et lui explique comment devenir chrétien. Elle utilise pour cela plusieurs images. La première et la plus parlante est toute simple : pour faire un homme, il faut trois temps, une fécondation, une gestation et une naissance. Dans un premier temps, la mère Église va proposer à tous ceux et celles qui demandent à devenir chrétien de se mettre à l’écoute de l’Évangile, souvent de saint Marc. De semaine en semaine, chacune et chacun, avec l’aide d’un groupe de chrétiens et parfois d’un diacre ou d’un prêtre, accueille cette Parole et celle-ci va se frayer un chemin dans les cœurs. Cette première étape durera le temps nécessaire jusqu’au moment où, comme dans les Actes des Apôtres, la Parole de Dieu aura accompli sa mission et transpercé les cœurs. Et nous voyons alors les uns et les autres venir nous dire, là encore comme dans les Actes : « Frères, que devons-nous faire pour vivre en chrétien ? » Alors, ils sont prêts à franchir la première étape et à entrer en catéchuménat, une longue période de gestation. Dans une belle célébration liturgique, ils sont accueillis par l’assemblée de l’Église dans le sein de la mère Église qui va accomplir sa mission de mener à leur terme tous ces nouveaux enfants.
Pendant environ deux années, les catéchumènes feront l’apprentissage de la vie dans le Christ, de la vie en Église, et ce n’est pas rien. Cela représentera pour chacune et chacun un véritable changement de vie auquel il lui faudra s’exercer, s’entraîner ! Il va devoir découvrir la réalité de cette nouvelle naissance par les sacrements de l’initiation. Le catéchumène va être enfanté par la mère Église à la vie même d’enfant de Dieu et il lui faut apprendre à vivre de cette vie dans le quotidien de sa vie ordinaire. Il va découvrir comment cette vie nouvelle va se greffer sur son intelligence par le don de la foi, sur sa volonté par le don de l’amour de charité et sur sa mémoire par le don de l’espérance. Ces dons divins viennent surélever nos capacités humaines pour nous permettre de vivre divinement.
En même temps, les catéchumènes expérimentent combien il est difficile, voire impossible de mettre en œuvre ces dons divins sans l’aide de la personne même de l’Esprit Saint. Il vient au secours de toutes nos faiblesses pour nous permettre de grandir de jour en jour dans la richesse de cette vie nouvelle. Les catéchumènes expérimentent cette vie nouvelle ; il s’agit d’une véritable école d’apprentissage où il apprend à découvrir comment collaborer avec l’Esprit Saint, comment accueillir les dons de Dieu de la foi, de l’espérance et de l’amour de charité qui commencent tout petitement à jaillir dans leurs cœurs. Ils apprennent en l’expérimentant la puissance de l’amour du Christ à se laisser dépouiller du vieil homme pour se préparer à une vie vraiment nouvelle. Cette école d’apprentissage dans le sein de la mère Église dure en général deux ans, mais chacun avance à son rythme, entouré de soins par l’Église.
Arrivés au terme de cette gestation, ceux et celles qui ont cheminé avec les catéchumènes les présentent à l’évêque pour l’appel décisif, un moment important qui marque l’approche de leur naissance à la vie dans le Christ. L’évêque interrogera leur parrain et marraine pour savoir si la mère Église estime qu’ils sont prêts à naître, si le temps de la gestation dans le sein de la mère Église a porté son fruit, s’ils ont vraiment vécu ce temps d’apprentissage de la vie dans le Christ et en Église pour être aujourd’hui prêts à naître à la vie divine par les trois sacrements du baptême, de la confirmation et de l’eucharistie. Alors, l’évêque s’adresse à tous ces futurs frères et sœurs en Christ pour leur demander de venir eux-mêmes inscrire leur nom sur le registre de ceux qui cette année vivront cette nouvelle naissance durant les fêtes pascales.
Pendant ce dernier carême, ils vont vivre une ultime préparation dans l’attente de communier pleinement au mystère de la Pâque, le Christ prendra sur lui tous leurs péchés, il mourra à leur place et il leur donnera de naître en Lui dans la lumière de la Pâque.
+ Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d’Avignon