Nous commençons ce mois d’octobre dans l’incertitude d’un nouveau confinement. Nous sommes tous dans l’attente d’une décision possible du préfet ou du ministre de la Santé qui déciderait sans appel de la fermeture de tel ou tel lieu de convivialité pourtant indispensable à tous. En même temps, nous le comprenons, il s’agit d’une exigence du bien commun pour éviter le développement incontrôlable de la Covid 19 dans l’automne qui arrive.
Pourtant, l’homme ne peut pas vivre constamment le visage caché derrière un masque. Nos anciens ne peuvent pas vivre en permanence reclus dans des EHPAD sans plus aucun contact avec les leurs - et quand il leur est possible de recevoir l’un des leurs, il faut conserver les distances barrières et leur surdité transforme la joie de se revoir en tristesse d’un échange devenu impossible. Enfin, nous le savons bien, nous pourrions voir l’État décider d’une nouvelle fermeture des lieux de culte mis au même rang que les bars ou les supermarchés, avec pour seule consolation de pouvoir accueillir vingt personnes dans nos églises pour conduire nos morts dans leur dernière demeure.
Dans le même temps, dans notre diocèse, le collège des consulteurs et le conseil presbytéral prennent connaissance du rapport du groupe de travail concernant les finances du diocèse et une nouvelle répartition des charges collectives. De nombreuses questions surgissent, des réactions plus ou moins brutales se font jour ; mais nous avons tous à raison garder et à regarder comment traverser en Église cette crise que de nombreux diocèses traversent de la même manière que nous en raison de la baisse des legs et de la diminution non négligeable des chrétiens dans l’ensemble de nos paroisses. Que faire ? Chercher des boucs émissaires ou ensemble, comme l’a fait le groupe de travail, proposer une solution qui devrait nous permettre de traverser cette crise ? La solution demandera du temps et des efforts pour tous et peut-être même un nouveau groupe de travail susceptible de faire un autre audit, celui du fonctionnement de l’archevêché pour, à l’arrivée du nouvel évêque, proposer une nouvelle organisation de la vie et du personnel de l’archevêché.
Moi-même, je sais que j’aurai 75 ans le 17 décembre prochain, que je dois présenter ma démission au saint Père, mais sans savoir quand le pape acceptera ma démission. J’espère que ce sera le plus vite possible, car dix-huit ans d’épiscopat me laissent fatigué et usé, avec un unique désir, celui de me consacrer à la prière et à la rumination de la Parole de Dieu, une manière de vivre mon noviciat du ciel avant d’entrer enfin dans la plénitude de la Vie.
J’écris tout cela, et en même temps, au fond de mon cœur, une grande joie m’envahit en ce mois d’octobre où nous fêtons de nombreux saints qui me sont chers. La petite Thérèse ouvre le bal dès le premier octobre et nous rappelle le chemin de la petite voie et celui de la plus belle des vocations : “Au cœur de l’Église ma mère, je serai l’Amour et je serai tout !” Le lendemain, nous fêtons les anges gardiens, l’occasion pour nous de tourner nos regards vers le ciel pour découvrir l’immense solidarité qui existe entre les anges et nous. Notre ange gardien est toujours auprès de nous pour nous aider à grandir dans l’intimité avec Dieu ; nous devrions souvent le prier à ses intentions à lui sur nous, car il sait ce qui est le meilleur pour nous. Le dimanche 4, nous fêterons saint François, le pauvre d’Assise que le Seigneur avait envoyé pour reconstruire son Église et nous montrer la richesse de la pauvreté qui nous ouvre le chemin du ciel. Le mardi 6, nous fêterons saint Bruno, le fondateur de la Chartreuse, lui nous rappelle que Dieu seul suffit à combler le cœur de l’homme dans le silence de la solitude. Dès le lendemain, nous célébrerons Notre-Dame-du-Rosaire, elle nous invitera à prendre notre chapelet et à relire avec elle l’Évangile à travers les mystères joyeux, les mystères lumineux, les mystères douloureux et les mystères glorieux. Chaque jour avec elle, nous devrions réciter le chapelet pour la laisser nous montrer le chemin du ciel. Le 11 octobre, nous rendrons grâce pour saint Jean XXIII, le pape qui, au lendemain de son élection, s’approcha d’une fenêtre, l’ouvrit et dit : “L’Église a besoin d’un peu d’air frais, elle a besoin de retrouver le souffle de l’Esprit Saint et de réapprendre à se laisser conduire par lui.” Le 15 octobre, sainte Thérèse d’Avila nous donne rendez-vous, elle, la mère des spirituels, pour nous introduire dans le château intérieur et nous montrer Celui qui nous attend pour nous unir à Lui. Le lendemain, la sainte de Paray-le-Monial, sainte Marguerite-Marie nous conduira à découvrir l’amour du cœur de Jésus, ce cœur qui a tant aimé le monde ! La place me manque pour continuer la liste de tous mes amis du ciel : saint Ignace, saint Luc l’évangéliste, les premiers martyrs canadiens, saint Jean de Brébeuf et ses compagnons. Enfin le 22, saint Jean-Paul II, lui qui m’a nommé archevêque d’Avignon sera là pour nous redire : “N’ayez pas peur !” Enfin les deux apôtres saints Simon et saint Jude clôtureront le bal le 28 au matin. Face à tous nos amis les saints, face à la présence de l’Esprit Saint et de la Vierge Marie, tout le reste retrouve sa vraie place.
Alors confiance et courage, le Seigneur est là et c’est lui qui nous montre le chemin par-delà la Covid 19 et tous les aléas de l’histoire ! Bon mois d’octobre à tous.
+ Jean-Pierre Cattenoz,
archevêque d’Avignon