Nous venons de célébrer le Christ roi de l’univers et nous voici à l’aube d’une nouvelle année liturgique ! Mais ne nous y trompons pas, sa royauté n’a rien à voir avec les nôtres. Son trône est une Croix, sa couronne est une couronne d’épines, son sceptre est en roseau et comble d’ironie tout son peuple le bafoue et se moque de lui. Pourtant, il est bien le Roi de l’univers et il l’emporte en tout sur nos présidents d’aujourd’hui : élevé de terre, il attire à lui tous les hommes. En fait, reconnaissez-le, vous ne le connaissez pas ! Vous vous faites une caricature de lui. Quand vous m’en parlez, je ne m’y retrouve absolument pas !
Et pourtant, il ne cesse de nous poser une question, une seule : pour toi, qui suis-je ? Depuis des années, j’essaye de répondre à cette question et je suis obligé de m’en poser trois pour y répondre : Pour toi qui est Dieu ? Pour toi qui est l’homme ? Et quelle est sa vocation ?
Je croyais connaître Dieu et je me suis aperçu qu’il me demeurait inconnu, par contre j’ai découvert une chose : si je veux le découvrir, je dois regarder vivre Jésus, garder les yeux sur lui, de Bethléem au vendredi saint et jusqu’à l’aube de Pâques et lui me révèlera le vrai visage de Dieu.
Je croyais savoir ce qu’est un homme et pourtant plus je regarde autour de moi et en moi, plus je découvre des êtres défigurés, désarticulés, rongés par le mal qui nous habite, par contre, toujours en regardant vivre Jésus, en gardant les yeux fixés sur lui, je découvre le vrai visage de l’homme.
Enfin, je croyais connaître la vocation de l’homme : trouver le chemin du bonheur, mais je ne cesse de le constater, nous sommes tous les premiers à prendre des chemins de traverse et à nous trouver enfermés dans des voies sans issue. Par contre, plus je regarde vivre Jésus à travers l’Évangile, plus je découvre ma propre vocation et notre vocation à tous : se laisser aimer et apprendre le chemin de l’amour et du don. Enfin, quand j’arrive au pied de la Croix, alors de manière paradoxale, je découvre le sommet de l’amour et du don et me voilà envahit des torrents de la miséricorde du Père qui me donne son Esprit Saint comme accompagnateur sur mon chemin de bonheur.
En novembre, pendant quinze jours, les reliques de la petite sainte, Thérèse de l’enfant-Jésus, la plus grande missionnaire, la plus grande sainte des temps modernes ont sillonné le diocèse pour nous rappeler que le chemin du bonheur n’est autre que la voie de l’enfance spirituelle. Prendre modèle sur l’enfant Jésus pour être comme un petit enfant qui touche sans cesse sa pauvreté radicale : il ne peut rien par lui-même, mais il s’abandonne totalement entre les mains de son Père du ciel. Voilà le chemin du bonheur et de la sainteté pour nous tous.
Toujours en novembre, nous avons eu la joie de la béatification du Père Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus, Dieu l’a fait sortir sur le balcon du paradis pour nous le donner en exemple. A travers toute sa vie et son œuvre, il n’a cessé de nous rappeler le chemin de l’enfance spirituelle à la suite de Thérèse de l’Enfant-Jésus et de tous les saints du Carmel. En un mot, il nous a rappelé l’Évangile : « Si vous ne devenez comme des petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume de Dieu ! » Le chemin du bonheur et de la Vie n’est autre que le chemin que Jésus est venu nous tracer. Tout au long de cette nouvelle année liturgique, n’ayons pas peur de mettre nos pas dans ceux de Jésus de la crèche au matin de Pâques en nous laissant guider par la petite Thérèse et le Père Marie-Eugène. Mais surtout n’oubliez pas que l’humilité seule attire Dieu immanquablement tout autant que l’orgueil le repousse. N’ayez pas peur de vous reconnaître pauvre et petit, l’Esprit Saint est là en vous pour venir au secours de votre faiblesse et être votre compagnon de route. Regardez l’enfant Jésus entre les bras de Marie au matin de Noël : l’Esprit Saint et elle vous feront tout comprendre.
+ Jean-Pierre Cattenoz