Dans la lumière de la Pentecôte, tous les séminaristes, les servants d’autel, les servantes de l’assemblée, les familles, les diacres, les prêtres et les évêques de la Province ecclésiastique, nous nous sommes retrouvés à Saint-Maximin dans la basilique où nous honorons Marie-Madeleine premier témoin de la Résurrection du Christ. Nous voulions d’une part rendre grâce pour les vocations qu’Il donne à son Église, et d’autre part intercéder pour que de nombreux jeunes puissent entendre l’appel du Seigneur qui veut faire d’eux des apôtres de sa Miséricorde.
Tout au long de cette magnifique journée, je pensais aux premières rencontres de Jésus, aux premiers appels. Jésus était là, marchant au bord du lac de Galilée, son regard se pose sur deux hommes, des pêcheurs, Simon et André ; il leur dit : “Venez à ma suite et je ferai de vous des pécheurs d’hommes”. Aussitôt, laissant tout, ils le suivirent : un regard, une parole et une vie transformée ! Avançant un peu, Jésus vit deux autres hommes, Jacques et Jean qui réparaient les filets avec leur père et ses ouvriers ; il les appela et aussitôt, laissant tout, ils le suivirent. Ni les uns, ni les autres n’ont posé de questions, ils ont suivi Jésus : son regard les avait touchés, il était lourd de tout l’amour de Dieu ; sa parole avait pénétré leur cœur, elle avait la puissance de la parole de Dieu, elle en avait l’efficacité et plus jamais leur vie ne sera la même, les voilà pêcheurs d’hommes ! Aujourd’hui encore, Jésus continue à appeler des apôtres pour sa moisson et toujours de la même manière : un regard, une parole et une vie transformée. Accepterez-vous d’être parmi eux ?
A quelque temps de là, Jésus vit Lévi, ce collaborateur des Romains, ce trafiquant au poste de péage des douanes. Là encore, il pose son regard sur lui, il l’invite à venir à sa suite et aussitôt cette parole agit en lui, le transforme, le “miséricordie” et le voilà participant déjà de la lumière de la résurrection, il se lève et part à la suite de Jésus, un vrai disciple-missionnaire vient de voir le jour. N’êtes-vous pas prêt à vivre la même aventure ?
Dans l’évangile de Jean, les choses sont un peu différentes. Jean-le-Baptiste vient d’abord rendre témoignage de Jésus, il nous le montre comme la lumière du monde, comme celui qui nous plongera dans l’Esprit-Saint, comme celui qui porte le péché des multitudes pour nous en libérer. Devant ce témoignage, deux hommes décident de partir à la suite de Jésus. Celui-ci s’arrête, se retourne, pose son regard sur eux, ce regard lourd de tout l’amour de miséricorde du Père, puis il leur dit : “Que cherchez-vous ?” Cette question, Jésus nous la pose à tous : que cherches-tu ? Qu’est-ce qui te fait vivre aujourd’hui ? Es-tu toi aussi pris dans le tourbillon du matérialisme de notre monde occidental ? N’es-tu pas en attente d’autre chose, en attente de salut, toi qui fais sans cesse l’expérience du mal qui abîme ton cœur ? Serais-tu prêt à répondre comme ces deux hommes : “Maître, où demeures-tu ?” Quand ils posent cette question, leur cœur est déjà touché et par le regard de Jésus et par sa question ; ils sentent grandir en eux le désir de découvrir où demeure cet homme qui les bouleverse. La réponse de Jésus s’adresse à nous tous : “Venez et voyez !” Il n’y a pas d’autre solution que celle de le suivre et de découvrir où il demeure.
Ne comprenez-vous pas que la grande affaire de notre vie n’est pas une question de religion, une question de morale, une question de valeurs, mais l’invitation de Jésus à venir et à voir où il demeure ? Toute notre vie sera alors un apprentissage à la vie avec Lui, un chemin qui nous conduira à passer d’un “demeurer auprès de lui” à un “demeurer en lui”.
Dans l’Évangile, nous retrouvons Jésus qui invite tous les pauvres, tous les pécheurs, tous les paumés, en un mot chacun de nous, à une convivialité de table avec Lui. Alors, n’ayez pas peur et venez vous aussi, vous êtes attendus ! Cette table n’est autre que la table eucharistique où il nous attend pour nous assimiler à Lui, nous permettre d’accueillir son amour de miséricorde qui nous prend dans son Corps qui est l’Église.
Enfin, il vous invite encore à venir vous asseoir auprès de Lui pour accueillir sa Parole et la laisser faire son œuvre en vous ; en effet, il nous le dit : “à vous qui êtes auprès de moi et qui écoutez la parole, les mystères du Royaume sont donnés”.
+ Jean-Pierre Cattenoz
?Archevêque d’Avignon