Depuis le commencement du grand jubilé de la Miséricorde, une prière monte sans cesse dans mon cœur – “Seigneur Jésus, Fils de Dieu, aie pitié du pécheur que je suis !” – et une grande joie vient m’habiter, celle de découvrir à chaque instant la miséricorde divine qui descend dans mon cœur pour le renouveler et lui permettre de battre au rythme de l’amour. Plus je découvre la profondeur de mon péché, plus je me sens habité par l’amour de miséricorde qui ne cesse de couler du cœur transpercé de Jésus pour me donner la vie en Lui. Je voudrais vous souhaiter à tous de vivre cette joie d’expérimenter la miséricorde divine. Nous n’avons pas à avoir honte à découvrir notre péché puisque c’est pour le remettre sous le regard de l’amour miséricordieux du Père.
Dans cette lumière, le mystère de Noël fut un grand moment de joie : laisser naître en moi l’enfant Dieu, l’accueillir au cœur de ma misère, là où il n’avait pas encore pu venir. Maintenant, je sais qu’il est là comme un petit enfant, sa présence m’habite d’instant en instant, m’illumine et m’invite à expérimenter en lui cette vie toute en dépendance du Père : je ne peux rien par moi-même, mais je peux me recevoir de Lui d’instant en instant au souffle de l’Esprit. Quelle joie en même temps de découvrir et d’expérimenter la présence maternelle de la Sainte Vierge ! Elle m’invite à chaque instant à prendre l’enfant dans mes bras, à le serrer sur mon cœur pour ne faire plus qu’un en lui. La grâce de Noël continue à m’habiter, avec les bergers, je continue à m’émerveiller devant l’enfant Dieu qui a voulu cette année encore naître en moi et avec eux j’entends les anges me murmurer : “Je vous annonce une grande joie, aujourd’hui un enfant vous est né, un sauveur vous est donné, vous trouverez un enfant emmailloté et couché dans une crèche”. Avec eux, je voudrais aujourd’hui encore partager cette bonne nouvelle : “Il est né, il est là en moi, en toi, en chacun de nous, apprends toi aussi à vivre en Lui”. Avec Marie, je veux rester là, garder tous ces événements dans mon cœur, les méditer pour les laisser prendre corps, prendre vie en moi, une nouvelle manière de vivre, de vivre à la manière de Dieu.
Dans cette lumière, les mages sont arrivés, j’ai eu beaucoup de joie à suivre leur parcours ; une fois de plus, j’ai eu envie de mettre mes pas dans les leurs, car ils me montrent un chemin de lumière, ils me montrent comment Dieu devient en Jésus, le Chemin, la Vérité et la Vie. Ils ont vu un signe, une étoile et ils se sont mis en route. Je ne cesse moi aussi de me réjouir de tous ces signes que Dieu met sur mon chemin pour me conduire jusqu’à Lui, un vrai chemin de lumière. Quand ils arrivent à Jérusalem, il n’y a plus de signe, mais la Parole de Dieu sera leur guide, elle leur indique le chemin pour rejoindre l’enfant Dieu, le petit roi de gloire. Quelle joie de me nourrir moi aussi de la Parole, je m’aperçois qu’elle vient m’habiter, elle prend corps, elle prend chair en moi et désormais, c’est Noël pour moi tous les jours : le Verbe vient sans cesse naître en moi ! La Parole prend vie et devient mon chemin de Vie.
Voici les mages de nouveau en route, vers Bethléem cette fois-ci, et une mystérieuse étoile les guide vers l’endroit où se trouvait l’enfant, mais quelle est donc cette étoile ? Le prophète Isaïe nous le dit : “Celui qui vient sera la lumière des nations.” Le dernier Concile a même voulu donner à la grande Constitution sur l’Église ce beau nom du Christ “Lumière des nations”. Jésus se fait lumière pour nous tous pour nous guider jusqu’à la Maison Église. N’ayons pas peur de nous laisser guider par Lui. Les mages sont vite arrivés, il n’y a guère plus de dix kilomètres de Jérusalem à Bethléem et ils entrent dans la Maison Église et ils voient l’enfant et sa mère. Quel mystère que celui de l’Église si souvent décriée et pourtant habitée par l’enfant et sa mère ! Ma joie est grande de contempler ainsi l’Enfant Jésus : Dieu a voulu se faire petit enfant et si je veux vivre de sa vie, il me faut redevenir petit enfant en Lui pour tout recevoir de mon Père du ciel ! Inséparable de l’enfant, Marie sa mère est là, dans la Maison Église, elle en est même l’icône, en elle je découvre la réalisation plénière du projet de Dieu sur nous tous et comme une maman sait le faire, il me montrera le chemin de l’intimité avec son Fils.
Alors, avec les mages, il me reste à me prosterner devant l’enfant ; je ne vais plus lui offrir de l’or, de l’encens, et de la myrrhe, mais je vais l’adorer en reconnaissant en lui mon Roi, mon Dieu et mon Sauveur ! Après tout cela, je ne suis plus le même, comme les mages, je repars par un autre chemin, une nouvelle aventure m’attend cette année, un nouveau chemin de Vie, il s’appelle Jésus et il ne cesse de me redire : “Je suis pour toi aussi, le Chemin, la Vérité et la Vie !” Cette bonne nouvelle, n’aie pas peur de la partager avec tous, il faut qu’elle se répande, il faut que l’amour brûle nos cœurs, il nous faut construire ensemble la civilisation de l’Amour, la civilisation de la Miséricorde de Dieu à l’œuvre.
+ Jean-Pierre Cattenoz
archevêque d’Avignon