Bonne année à tous !

20 janvier 2013

Mot de l’évêque - Eglise d’Avignon n°85

En ce début d’année, j’ai le coeur lourd de tout ce qui se passe autour de moi, de toutes les familles atteintes par le chômage et qui commencent cette nouvelle année dans la tristesse. Je porte la souffrance de toutes les personnes en précarité ; que sera cette année pour eux ? Mes yeux sont pleins de larmes devant les scènes de violence qui déchirent la Syrie, le Nigéria, le Soudan et tant de pays à travers le monde.

Pourtant, nous avons vu les rayons de jouets et de cadeaux en tout genre en bonne place dans les supermarchés. Nous avons fait la fête, nous avons célébré Noël. Mais que sont devenus tous les cadeaux de Noël ? Comme chaque année, dans les rues de nos villes et villages, les illuminations éclairent la nuit et le froid de l’hiver, sans savoir comment nous réchauffer le coeur.
Mais quelle est donc la signification de cette orgie de la consommation ? La fête de Noël, les fêtes de fin d’année sont-elles compatibles avec autant de dépenses, de gaspillages, de superficialité ? Peut-on, pendant quelques semaines, se laisser aveugler ainsi sur la réalité de la situation de tous ceux qui sont atteints de plein fouet par la crise, par la perte d’un emploi, par le surendettement, par des fins de mois difficiles ? Peut-on fermer les yeux sur ces millions d’hommes et de femmes dont le quotidien est la faim, la misère, la maladie ? Peut-on oublier la réalité du tiers monde, du quart monde ? Noël n’est-il pas autre chose que cette surchauffe du monde matériel !

En ces semaines de janvier, où nous célébrons la Vierge Marie Mère de Dieu et Mère de l’Église, la fête de l’Épiphanie, la manifestation de Dieu au milieu de nous, le baptême de Jésus, annonce de notre propre baptême, et les noces de Cana, préfiguration des noces du Christ Époux avec l’Église Épouse, ne pourrions-nous pas changer nos coeurs et changer de vie ? Car le mystère de l’Incarnation de Dieu, de sa venue au milieu de nous aujourd’hui n’a d’autre signification que le désir de Dieu de venir naître en chacun de nous, là où nous ne l’avons pas encore accueilli.

Arrêtons de nous masquer la réalité, regardons en face l’égoïsme qui nous habite, cet esprit de critique, de jugement, de médisance, notre individualisme, notre incapacité à aimer vraiment, à ouvrir vraiment notre coeur à l’autre. Faisons la vérité en nous, arrêtons de vivre dans le mensonge. N’ayons pas peur de reconnaître la misère de notre coeur pour accueillir le Sauveur, n’ayons pas peur de nous ouvrir au pardon de Dieu qui a soif de faire toute chose nouvelle en nos coeurs, dans la vie de notre humanité et dans la vie de notre monde.

Pendant ce mois de janvier, n’ayons pas peur de reconnaître notre pauvreté, notre dureté de coeur, notre misère, notre incapacité à changer par nos propres forces et demandons à l’Enfant Dieu, que les rois mages viennent adorer, d’habiter notre vie de sa présence, de son amour.
Laissons l’Esprit Saint creuser en nous ce désir ! Alors, nous vivrons à notre tour le miracle de l’Épiphanie à la manière des mages. Dieu leur a donné un signe, il l’ont vu, se sont levés et se sont mis en route. Dieu ne cesse de donner des signes à chacun de nous dans nos vies ordinaires. Allons-nous les voir, nous lever et nous mettre en route à notre tour ? À Jérusalem, l’étoile avait disparu mais Dieu les a guidés par sa Parole : La Parole de Dieu est-elle vraiment lumière dans nos vies ? A peine sortis de Jérusalem, l’étoile prend à nouveau le relais et les guide jusqu’à l’endroit où se trouve l’enfant ; aujourd’hui encore, le Christ demeure lumière des nations, lumière pour chacun de nous, mais sommes-nous attentifs à ce compagnonnage qu’il nous offre pour nous conduire ? Enfin, les mages arrivent dans la Maison Église et ils y trouvent l’enfant et sa mère, ils se prosternent et reconnaissent en lui leur Roi, leur Dieu et leur Sauveur : Allons-nous vivre la même expérience au coeur de l’Église d’aujourd’hui ? Ils repartent par un autre chemin, car ils ne sont plus les mêmes, leur rencontre avec l’Enfant Dieu a transformé leur vie : En sera-t-il de
même pour chacun de nous ? Je vous le souhaite, je nous le souhaite à tous en vous offrant mes voeux pour cette nouvelle année qui commence.

Puissions-nous la vivre dans le sacrement du frère en découvrant la lumière de notre fraternité en Christ pour le service de nos frères et notre propre croissance dans notre vie d’enfant de Dieu.


+ Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d’Avignon