François, issu de la jeunesse dorée d’Assise, voulut tout d’abord se faire chevalier et rêva d’une carrière brillante. Puis brusquement, il décida de tout quitter pour vivre dans une pauvreté radicale sous la protection de l’Église. Il se retira dans la solitude et la prière. Il entendit un jour le Seigneur lui dire : « François, rebâtis mon Église » et François se mit aussitôt au travail pour remettre sur pied la chapelle Saint-Damien, il se fit maçon et tailleur de pierre, mais le Seigneur avait une autre idée, il voulait qu’il travaille à reconstruire l’Église.
Comme un pauvre, mais le cœur rempli d’amour, il embrassa un lépreux et se mit à parler de Dieu, de l’Évangile ; il aurait voulu parcourir le monde entier pour annoncer l’Évangile et révéler aux hommes le secret de Jésus, le secret de sa croix. Il n’était plus le même, il était rayonnant de la lumière de Jésus, de la vie de Jésus, l’Esprit Saint lui montrait au jour le jour le chemin ; il se laissait faire et, sans se lasser, il témoignait de l’amour de la présence divine qui nous illumine et nous enveloppe tous de sa lumière.
Et voilà qu’aujourd’hui, à l’aube du troisième millénaire, un jésuite devenu archevêque et cardinal de la capitale de son pays vient d’être appelé à devenir le successeur de Pierre. Il décide de s’appeler François pour nous dire son désir de mettre ses pas dans ceux de saint François, rempli de simplicité, d’humilité avec dans le cœur un amour fou pour Jésus, pour la Croix, pour l’Église.
Il commence son pontificat en nous demandant de prier pour lui, en allant déposer un bouquet aux pieds de Marie à Sainte-Marie Majeure et en nous disant à tous : « Attention, si nous ne suivons pas le Christ, l’Église n’est plus qu’une pitoyable ONG. » Il nous invite à contempler la croix du Christ, à y puiser force et amour pour continuer aujourd’hui à témoigner de l’Évangile et à marcher à la suite de Jésus.
François, un prénom qui évoque également saint François Xavier qui brûlait du désir d’aller par le monde entier annoncer Jésus et Jésus-Christ crucifié. Il arriva jusqu’à la porte de la Chine. À sa suite, le pape François veut lui aussi nous conduire à aller par le monde entier annoncer l’Évangile, baptiser tous nos frères et leur apprendre à vivre de tout ce que Jésus nous a enseigné.
À la question posée à Benoît XVI par un de mes frères évêques : « Comment faire pour redonner espérance aux chrétiens d’aujourd’hui qui se croient trop souvent les derniers des derniers, avant la fin », le Saint-Père avait répondu avec la simplicité que nous lui connaissions : « Regardez, l’Église ne vit pas au rythme biologique de la naissance, de la croissance, de l’âge adulte, de la vieillesse puis de la mort, elle vit au rythme de l’Esprit Saint. L’histoire nous montre combien à certains moments de son histoire et dans certaines circonstances historiques, nous pouvions craindre pour la vie même de l’Église et penser qu’elle était finie et voilà que l’Esprit Saint lui a toujours donné les saints dont elle avait besoin pour se relancer et reprendre sa mission au milieu des tempêtes. »
Oui, aujourd’hui encore, Jésus semble dormir dans la barque secouée par les flots, mais il dort sur le coussin du pilote, car il est bien le vrai pilote de l’Église et si nous pouvons penser trop souvent qu’il nous abandonne, en réalité, il vieille sur son Église et ne cesse de lui donner tout ce dont elle a besoin pour continuer sa mission.
Devant le calvaire, Jésus qui agonise, tout le monde qui le bafoue et se moque de lui, la Mère de Jésus est là et également le disciple bien-aimé que nous sommes tous appelés à devenir. Nous pouvons prendre la Mère de Jésus avec nous et contempler le Christ qui élevé de terre nous attire tous à lui. N’ayez pas peur et marchez humblement en vous laissant conduire par lui. Dans la lumière de Pâque et de la miséricorde, laissons déborder en nous la lumière du Ressuscité, il est la vie et la vie est lumière pour chacun de nous.
Bonne fête de Pâque à tous.
+ Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d’Avignon