Nous sommes entraînés par le rythme que la vie nous impose chaque jour et nous risquons de ne pas trouver le temps de nous asseoir pour réfléchir à l’essentiel : Quel est le sens de ma vie ? Où sont les véritables priorités de ma vie ? Où en suis-je de ma vie familiale ? De ma vie professionnelle ? De ma vie personnelle ? Qu’est-ce qui habite le fond de mon cœu r ?
Pendant quarante jours, l’Église me propose de faire le point, elle m’invite à changer de vie pour me laisser habiter par le Christ, pour laisser sa lumière resplendir au cœur de ma vie quotidienne, pour laisser la vie baptismale habiter de nouveau toute ma vie. Seigneur, viens me frotter les yeux avec le collyre de la foi, viens ouvrir nos yeux et me donner de savoir m’émerveiller devant ta présence qui accompagne ma vie. Seigneur, par l’amour de charité renouvelle mes capacités d’aimer pour que ton amour devienne mon amour ; tu le sais bien, je ne sais pas aimer et j’en fais l’expérience chaque jour, mais avec toi tout redevient possible. Seigneur, que l’espérance vienne me prendre par la main pour me montrer le chemin que tu veux pour moi.
Pendant quarante jours, l’Église invite chacune de nos communautés à faire le point, elle nous invite à changer de vie pour que nos communautés soient de vraies communautés chrétiennes où la fraternité ne sera pas un vain mot mais la réalité dont nous vivrons, non seulement en sortant de chaque eucharistie mais au quotidien. Chacune de nos communautés devrait s’interroger : comment vivons-nous les quatre piliers qui faisaient la vie de la première communauté : “Ils étaient fidèles à l’enseignement des apôtres, à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières” ?
Quelle place à la Parole de Dieu, quelle place a l’Évangile dans la vie de notre paroisse ? L’Évangile de Marc nous est donné au début de ce carême, est-ce pour qu’il traîne dans un coin ou pour habiter ma prière pendant ce carême ? Pourquoi ne pas faire naître un groupe biblique dans notre quartier ou sur la paroisse ?
La communion fraternelle est-elle le signe caractéristique de notre communauté ? N’y aurait-il pas à nous interroger sur ce point ? N’y a-t-il pas des zizanies dans la paroisse ? Sommes-nous vraiment rayonnants de l’amour même de Dieu ? Quels signes savons-nous prendre pour vivre concrètement de cet amour fraternel qui caractérisait les premiers chrétiens ? Pourquoi ne pas ouvrir nos yeux sur nos voisins les plus proches qui ont peut-être besoin d’aide, sur les personnes âgées qu’il faudrait aller visiter, sur un tel qui est malade et isolé ? L’amour sait toujours inventer de nouveaux gestes !
L’Eucharistie dominicale est-elle au centre de la vie de tous les baptisés de notre paroisse, de tous les enfants de catéchismes ? Comment vivre plus concrètement l’eucharistie comme le lieu où nous devenons tous corps du Christ, membres les uns des autres, solidaires de la solidarité même de Dieu dans la puissance de l’Esprit Saint, de l’Esprit d’amour qui fait l’unité entre tous les membres ?
La prière est-elle pour nous partie prenante de notre vie ? Quel temps arrivons-nous à prendre chaque jour pour être avec Dieu comme un ami avec son ami ? Dans les petits villages où il n’y a plus de messe le dimanche, les chrétiens ont-ils soif de se rassembler un jour de la semaine pour prier, pour partager sur ce qui fait la vie et les besoins du village ou du quartier ?
Tout cela dépasse nos forces, bien sûr, mais l’Église m’invite à prier en demandant au Seigneur lui-même de venir réaliser ce qui dépasse mes propres forces : “Convertis-moi, Seigneur et je serai converti”.
+ Jean-Pierre Cattenoz
1er mars 2003