Ce matin, pour que je puisse boire un café succulent tel que je l’aime, combien de personnes auront travaillé ! Des paysans anonymes d’Afrique,
d’Amérique ou d’Asie auront travaillé dur pour produire ; d’autres, ouvriers de leur état, auront participé à la transformation de la matière première pour la préparer, la conditionner et la transporter. Des charrettes, des camions, des cargos auront vu se passer de main à main ce sac de café qui finalement
sera conditionné pour être mis en vente dans un de nos supermarchés et arriver enfin, frais et chaud, sur ma table.
De nombreuses personnes avec toute leur intelligence auront
participé à cette longue chaine de la solidarité. D’ailleurs, je
me réjouis de voir se développer le commerce solidaire qui
nous aide à prendre conscience de cette réalité dans laquelle
nous sommes immergés.
Nous parlons beaucoup aujourd’hui de solidarité et il faut s’en
réjouir : les syndicats ne cessent de se mobiliser pour lutter
contre la crise avec toutes ses conséquences désastreuses.
De nombreux patrons aussi luttent pour que survive leur
entreprise et que de nombreuses familles puissent continuer
à gagner leur pain quotidien, le pain de leur famille. Tout le
monde a ce mot à la bouche : solidarité, solidarité ; et pourtant
parfois on pressent que cette solidarité peut devenir une
manière déguisée de défendre des intérêts personnels ou corporatistes.
Il m’arrive même parfois de réfléchir sur les déclarations
péremptoires de nos autorités civiles justifiant l’engagement
de milliers de nos soldats aux côtés des États-Unis d’Amérique
en Afghanistan au nom de la lutte contre le terrorisme
international. A-t-on vraiment une mission de gendarmes de
l’Univers et à quel titre ? Ne sommes-nous pas en partie responsables
des émeutes de la faim qui éclatent à travers le
monde et ne pourrions-nous pas vivre une autre solidarité que
celle d’aller nous embourber dans les montagnes afghanes ?
L’exemple russe, le souvenir du Vietnam, de l’Irak et de bien
d’autres conflits, ne devraient-ils pas nous servir de leçons ?
En Église, la solidarité est également une réalité, mais d’une
tout autre dimension. D’abord, il existe une solidarité de
création qui élargit considérablement notre champ de vision.
Nous le savons, Dieu a créé en surabondance des êtres
purement spirituels, les anges dont la mission est de participer
à la réalisation du projet créateur. Ils vivent en permanence
en présence de Dieu et en même temps, Dieu leur demande
de se mettre au service de la création matérielle pour qu’elle
permette à l’homme de s’y épanouir et d’y remplir sa mission.
Dieu leur demande également d’être à notre service comme
des frères aînés toujours prêts à nous aider et à nous montrer
le chemin de la lumière et de la vie. Malheureusement,
nous avons oublié cette présence des anges à nos côtés et
pourtant si nous pouvions réaliser quelle solidarité s’exerce
entre eux et nous, entre la création, eux et nous, nous serions
bouleversés.
Or, depuis la nuit de Noël, je ne cesse d’entendre le chant des
anges résonner à mes oreilles pour me rappeler que le maître
mot de tout ce que Dieu veut réaliser au milieu de nous, le
maître mot de cette solidarité fondamentale de toute la création
est celui de « Paix » : "Gloire à Dieu et paix aux hommes de
bonne volonté !" Cette paix est justement celle que l’Enfant
Dieu, l’Emmanuel est venu nous apporter. Il donnera justement
sa vie pour pouvoir nous donner la Paix et le premier mot qui
jaillira de ses lèvres au soir de Pâques sera celui de paix : "La
paix soit avec vous !" Oui, heureux les artisans de paix, ils
seront appelés fils de Dieu. Puissions-nous tous nous laisser
habiter par cette paix de Dieu.
Enfin, il me semble que ce mot de paix, il se traduit par les
mots de communion, de solidarité pour nous les disciples de
Jésus. Mais attention, que notre vie devienne vraiment un lieu
de communion, de fraternité, où la solidarité ne sera plus un
slogan, une idéologie, mais l’humble réalité de la vie quotidienne
auprès des frères qui vivent à mes côtés.