Marie était là, anxieuse ; elle le savait, l’heure était venue pour elle de mettre au monde son fils, l’Emmanuel, mais les hommes seraient-ils prêts pour l’accueillir ? Depuis plusieurs semaines, les supermarchés d’Avignon et du Vaucluse grouillaient de monde. Les gens venaient faire les courses de Noël. Les rayons de cadeaux étaient toujours aussi attractifs, ainsi d’ailleurs que tout ce qui touchait à l’alimentation ; il fallait que toutes les tables puissent être bien garnies pour célébrer Noël, et les sapins entourés de tous les cadeaux attendus.
Dans la ville, la rue de la République et le marché de Noël continuaient
à faire le plein, et la crise dont tout le monde parlait ne semblait
guère atteindre toute cette foule venue faire les courses de
Noël.
Marie était perplexe, elle ne comprenait plus, elle sentait
un tel fossé entre ce qu’elle avait vécu autrefois à Bethléem et
ce que les gens du Vaucluse s’apprêtaient à vivre. Elle avait
donné au monde le plus beau cadeau possible, elle lui avait donné le Sauveur, un petit enfant qui allait changer le cours des choses, et voilà qu’une société de consommation avait pris le relais poussant
les uns et les autres à dépenser, à dépenser à tort et à travers, comme si cela allait suffire à les rendre heureux.
Joseph avait déjà préparé quelque peu la crèche pour accueillir l’enfant. Oh, ce ne serait pas un palace, mais au moins il n’aurait pas froid le petit. Lui, il n’avait qu’un désir : veiller sur Marie et sur l’enfant
qui allait naître. En même temps, il continuait à se demander qui il était pour avoir été choisi pour veiller sur l’enfant et sa mère.
Chaque année, il était étonné de voir chaque famille faire la crèche dans un coin du salon ; il s’en réjouissait, mais en même temps
il aurait tellement voulu que cette crèche, elle se fasse aussi dans les coeurs car le petit qui allait naître, il voulait naître non pas dans un coin du salon mais dans le coeur de chacun. Il était venu et il venait pour cela, pour redonner vie aux hommes et il voulait, en ce Noël 2009, naître une fois encore en chacun de nous, là où nous ne l’avions pas encore accueilli.
Les anges, du haut du ciel, scrutaient la terre. Ils étaient étonnés
de voir une partie de l’humanité s’agiter avec frénésie : rien
ne devait manquer pour célébrer Noël. Pour le repas tout était
prévu, tous les cadeaux étaient prêts et certains iraient même
à l’Eglise pour célébrer Noël, cela faisait partie de la tradition.
Par ailleurs, toute une autre partie de l’humanité restait plongée
dans la nuit la plus noire ; il n’y avait pas d’électricité, et
la misère régnait avec tout son cortège de faim et de maladie.
Pour l’immense majorité d’entre eux, Noël passerait inaperçu.
En même temps, les anges le savaient : le miracle de Noël
aurait encore lieu. Bien des coeurs allaient être touchés et s’ouvrir
pour laisser naître en eux l’enfant Dieu. Il ne demande rien,
il vient, simplement, comme un petit enfant. Marie, cette année
encore, voudrait pouvoir le déposer dans vos bras, sur votre
coeur. Laissez-la faire, accueillez l’enfant sans bruit, dans le silence, et laissez sa présence vous habiter, vous réchauffer, vous transformer, vous transfigurer.
Vous portez celui qui porte l’univers, vous portez celui qui vient vous rendre la vie.
Vous étiez morts à cause de vos fautes, mais Dieu, dans sa miséricorde, vous rend la vie en son Fils Bien-aimé qui vient
partager votre aventure humaine pour vous donner d’avoir part à sa divinité. Il s’offre à vous dans toute sa vulnérabilité, dans toute sa pauvreté de nouveau-né.
Maintenant, il faut vous décider : allez-vous accompagner les bergers ou les rois mages à la crèche, qui que vous soyez, le meunier ou le boumian, l’aveugle ou le gendarme, Roustido ou Mireille. Il vous
attend tous et il voudrait changer votre coeur pour y mettre la
chaleur de sa présence et de son amour divin. En un mot, il
voudrait que tous vous redeveniez des petits enfants capables
d’accueillir la bonne nouvelle qu’il vient nous apporter. N’ayez
pas peur, c’est lui qui fera tout, il vous demande seulement de
l’accueillir et de le laisser faire. Alors bon Noël à tous, et que
l’enfant Dieu fasse des merveilles dans vos coeurs tout au long
de la nouvelle année qui va bientôt commencer.