La fête de Pâques approche, Jésus marche résolument
vers Jérusalem. Il le sait, élevé de terre, il attirera
tous les hommes à lui. Ayant aimé les siens
qui étaient dans le monde, il est décidé à les aimer
jusqu’à la fin.
Il se rappelle le lépreux le suppliant : "Si tu le
veux, tu peux me purifier !" et il avait pris sur lui sa lèpre,
pour l’en libérer.
Il revoit le paralytique qui gisait misérablement
sans espoir de guérison et non seulement il l’avait remis
debout, mais il lui avait dit : « Tes péchés sont pardonnés ».
Il était l’agneau qui devait porter le péché du monde ; il entendait
encore la réponse d’Abraham à son Fils Isaac quand
celui-ci lui demandait : "Voici le bois et le feu et le couteau
pour le sacrifice, mais où donc est l’agneau ?". Abraham avait
répondu : « Dieu pourvoira, mon fils bien-aimé ».
Effectivement, Dieu avait pourvu, en lui demandant à lui Jésus, son
Fils bien-aimé de se charger de nos maladies, de prendre sur
lui nos infirmités comme l’avait annoncé le prophète Isaïe.
Son coeur battait de plus en plus fort à mesure qu’approchait
la Pâque. Son amour divin avait envahi tout son être. Il repensait
à ce jour où il était en barque avec ses disciples, la mer
était agitée et la barque s’enfonçait ; il entendait encore le
cri de Pierre : « Seigneur, sauve-nous, nous périssons ». Ce
jour-là, il s’était contenté de calmer la mer, mais aujourd’hui,
il le savait, par sa croix, il allait devenir le sauveur de tous les
hommes de tous les temps, il n’aurait plus figure humaine,
il serait réduit à rien, il serait lourd du péché de nous tous !
Son amour divin devenait amour de miséricorde en pensant à
chacun et chacune de nous. Il repensait à la prophétie d’Ézéchiel
apercevant une petite source qui coulait de dessous le
côté droit du Temple pour s’en aller redonner vie au monde
entier. Il se rappelait alors ce qu’il avait dit dans le Temple, le
jour de la fête, le grand jour : "Si quelqu’un a soif, qu’il vienne
à moi et qu’il boive !« Et l’évangéliste ajouterait : »De son
sein couleront des fleuves d’eau vive, il parlait de l’Esprit que
devait recevoir ceux qui croiraient en lui".
Lui, le bon berger, il est venu pour rassembler les brebis dispersées,
mais pour cela, il avait à manger une nourriture que
nous ne connaissons pas, sa nourriture est de faire la volonté
de son Père.
Son coeur était lourd, son âme déjà était triste à en mourir et
en même temps une joie mystérieuse envahissait tout son
être. Il pensait à ce soir de la Cène où il prendrait le pain pour
nous le donner en disant : "Ceci est mon corps livré pour
vous". Il nous voyait tous et chacun, nous étions uniques à
ses yeux ; il prenait la coupe en pensant à moi et il me disait :
"Prenez et buvez en tous, ceci est mon sang versé pour
vous et pour la multitude, le sang de la nouvelle alliance".
Au soir du jeudi saint, chacun pourra venir s’asseoir à côté
de Jésus, il pourra se pencher sur sa poitrine pour entendre
battre le coeur de Dieu. Tous nous entendrons le prêtre nous
dire : "Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde,
heureux les invités au festin des noces de l’Agneau". Alors
nous communierons au corps du Seigneur, il se chargera de
nos maladies et de nos infirmités, de notre péché et de toutes
nos lèpres pour nous unir à lui. Il nous assimilera à lui pour
nous donner la grâce de ne faire plus qu’un avec lui et la
grâce de ne faire plus qu’un tous ensemble en lui.
Chacun de nous sera appelé à porter la croix avec Jésus
comme autrefois Symon de Cyrène, le Père d’Alexandre et
de Rufus, personne n’y échappera, le Seigneur nous fait la
grâce de nous unir à lui. Et par delà le vendredi saint nous
vivrons le matin de Pâques dans la joie du Ressuscité : Il est
vivant et il nous entraîne dans la VIE !
Bonne fête de Pâques à tous.