L’évangile de saint Matthieu qui nous accompagne cette année insiste sans cesse sur l’agir, sur le faire. Jésus lui-même brosse le portrait du vrai disciple : “Ce ne sont pas ceux qui disent Seigneur, Seigneur qui entreront dans le Royaume des cieux mais ceux qui font la volonté de mon Père !” Nous serons jugés sur nos actions, sur ce que nous aurons fait ou sur ce que nous n’aurons pas fait. Le disciple de Jésus n’est pas celui qui écoute ses paroles mais bien celui qui, les ayant écouté les met en pratique. Le disciple est celui qui traduit la parole en acte. En réalité, notre agir est révélateur de notre cour.
Pendant ce carême, comment ne pas relire la charte du Royaume, les béatitudes et le sermon sur la montagne (cf. Mt 5-7) pour relire notre vie à sa lumière. Mais, le mode de vie proposé par Jésus et qu’il a lui-même vécu nous apparaît immédiatement absolument inaccessible. Comment être parfait comme notre Père céleste est parfait ? Comment notre justice pourrait-elle surpasser celle des scribes et des pharisiens ? Comment aimer nos ennemis ? Comment ne pas juger, ne pas critiquer ? Nous sentons toute la distance qui nous sépare de ce mode de vie proposé par Jésus, nous en sommes radicalement incapables ! Alors que faire ?
L’évangile nous donne la réponse car après cette grande charte de vie, il rapporte toute une série de miracles opérés par Jésus pour guérir et transformer le cour de l’homme. L’évangéliste nous invite à nous identifier à ces hommes et ces femmes qui se tournent vers Jésus pour lui dire : “Si tu le veux, tu peux me purifier” Alors nous pourrons entendre Jésus nous dire : “Je le veux, sois purifié” et il viendra toucher notre misère pour nous transfigurer.
Alors nous comprendrons qu’en Jésus se réalise la parole d’Isaïe : “Il a pris de nos infirmités, il s’est chargé de nos maladies.” Il m’invite même à mettre mes pas dans les siens pour le suivre jusqu’au pied de la Croix. Il n’a plus figure humaine car il s’est chargé de toute la boue qui habite mon cour. J’aurai à pleurer amèrement comme Pierre au soir du Vendredi saint.
Mais l’aube de Pâque se lève sur ma vie. Plongé dans les eaux du baptême, je peux désormais non seulement mettre mes pas dans les siens mais vivre de sa vie.
Dès lors cette vie que Jésus a vécue et qu’il nous invite à vivre devient possible si je me laisse habiter par lui, si je puise en lui ma force pour agir. Sans lui nous ne pouvons rien faire, mais avec lui tout devient possible. Il nous l’a dit : “Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde.”
Et ne l’oublions pas, durant ce carême, il nous invite à mettre en pratique sa parole : “Donner du pain à celui qui a faim, donner à boire à celui qui a soif, accueillir l’étranger, vêtir celui qui est nu, visiter les malades, aller parler aux prisonniers” “Tout ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait !”
Puissions-nous tous découvrir cette présence du Seigneur dans le plus petit de nos frères et mettre en pratique la charité dans l’aujourd’hui de nos vies.
+ Jean-Pierre Cattenoz
Février 2005