Chaque jour nous expérimentons notre incapacité à aimer en vérité, nous n’arrêtons pas les uns et les autres de nous juger et de nous critiquer ; nous avons une capacité extraordinaire pour arriver à voir les défauts des autres et un aveuglement quasi complet pour apercevoir la poutre qui bouche nos yeux. Comme nous le dit Saint Paul : “Le bien que je voudrais, je n’arrive pas à le faire et par contre, je fais le mal que je ne voudrais pas !”
Comment donc commencer l’année sans se demander pardon les uns aux autres pour tout ce qui porte atteinte à la charité fraternelle. Cette demande de pardon est d’ailleurs au cour de chaque eucharistie, Jésus lui-même nous l’a dit : “Quand donc tu vas présenter ton offrande à l’autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; viens alors présenter ton offrande” (Mt 5, 24). Et personnellement, en ce début d’année, je tiens à demander pardon à tous ceux que j’ai pu blesser durant l’année qui vient de se terminer par mon comportement, mes décisions ou mes paroles. Puissions-nous tous vivre en vérité la demande de pardon mutuel qui nous est proposée au début de chaque eucharistie et à travers le geste de la paix qui précède la communion.
Nous le savons bien : en chacune de nos communautés, la charité édifie, alors que le manque de charité détruit, stérilise toute communauté. Saint Jean dans son évangile, n’a pas voulu nous rapporter le récit de l’institution de l’eucharistie, mais à la place, il nous donne les deux fondements indispensables de toute croissance du Corps du Christ : le commandement de l’amour - “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés” et la loi du service mutuel, Jésus lui-même nous donnant l’exemple en lavant les pieds de ses disciples. Pour l’évangéliste, ces deux pierres de fondation de l’Église dépassent totalement nos capacités humaines, mais elles nous sont offertes et données en chaque eucharistie. Le Christ s’offre à nous pour nous unir à lui et nous permettre en lui de vire le commandement de l’amour en nous mettant au service les uns des autres. Puissions-nous tous nous approcher de l’eucharistie comme des mendiants d’amour, comme des pauvres qui savent qu’ils peuvent tout attendre de celui qui s’est livré pour nous.
A chaque eucharistie, nous sommes également invités à la table de la Parole, cette Parole qui a soif de prendre chair en nous, de s’incarner en chacune de nos vies, pour que nous devenions enfants de Dieu dans l’unique Bien-aimé du Père, au souffle de l’Esprit. La Parole de Dieu n’est-elle pas comme une semence qui tombe dans la terre de nos cours avec la capacité de porter du fruit en surabondance si elle est accueillie. Je souhaite vraiment que tous nous donnions davantage de place à la Parole de Dieu dans nos vies quotidiennes. A travers elle, l’Esprit Saint est à l’ouvre pour que la semence de vie divine germe et porte du fruit. L’amour de Dieu a été répandu et est répandu en nous par l’Esprit Saint à l’ouvre en chacune de nos vies.
L’eucharistie nous invite aussi à entrer dans une intimité toujours plus profonde avec le Seigneur, une intimité que les chrétiens aiment prolonger dans l’adoration eucharistique. Puissions-nous tous savoir prendre du temps pour rester là, aux pieds du Seigneur, dans un tête à tête silencieux : je le regarde et il me regarde ! Dans le silence de la prière et de l’adoration, par la foi, j’entre en contact avec lui, je le touche et de cette communion, une force sort de lui qui vient me guérir et me reconstruire à son image et à sa ressemblance.
Enfin, c’est à l’amour que nous aurons les uns pour les autres que tous nous reconnaîtrons comme disciples de Jésus. La dimension missionnaire de notre grâce baptismale s’enracine dans l’amour de charité qui rayonne, qui illumine et attire. Une communauté chrétienne rayonnante de charité ne peut que grandir, se développer en témoignant de la présence de Celui qui l’habite. A la fin de l’eucharistie, l’Église nous envoie en mission pour vivre du Christ dans le quotidien de nos vies. Puissions-nous vivre cet envoi en mission avec dans notre cour les dernières paroles de Jésus dans l’évangile de Saint Matthieu : “Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde !”
Bonne année à toutes et à tous dans la puissance de l’Esprit Saint !
+ Jean-Pierre Cattenoz
Janvier 2005