La pâque de Jean-Paul II, le deux avril au soir : la place Saint-Pierre est débordante de pèlerins à genoux et en prière, le regard fixé sur la petite fenêtre de la chambre de leur père, qui vient d’entrer dans la Vie. Ses obsèques auront mis en lumière l’attachement de toute une génération à celui qui a été le pasteur de notre Église, témoin de la charité et de la vérité de Dieu, prophète et serviteur de la vie. Il nous a tous accompagnés sur notre route de sainteté, d’engagement à servir l’Évangile à travers le don joyeux de notre vie de baptisés dans le mariage, le sacerdoce ou la vie consacrée.
L’élection de Benoît XVI et les JMJ de Cologne avec cette foule de jeunes qui ont faim : faim d’entendre parler de Jésus, faim de sa Parole, faim de la joie de son amitié et de son pardon, faim de l’eucharistie, faim de le voir, faim de vivre ensemble avec Lui et en Lui au cœur de l’Église, faim de se donner aux autres plus que jamais.
Si l’Église était ringarde, retardée ou dépassée, les jeunes seraient-ils venus par millions à Rome pour un dernier merci à Jean-Paul II ? Les hommes de toute génération, chrétiens ou non se seraient-ils rassemblés par millions dans les Églises du monde entier ? Les jeunes auraient-ils fait le déplacement jusqu’à Cologne pour rencontrer un Pape qu’ils ne connaissaient pas ?
Mais, les jeunes avaient soif de cette parole qui continue à bouleverser les cœurs : “À vous tous, je voudrais dire avec insistance : ouvrez tout grand votre cœur à Dieu, laissez-vous surprendre par le Christ ! Accordez-lui le droit de vous parler ! Ouvrez les portes de votre liberté à son amour miséricordieux ! Exposez vos joies et vos peines au Christ, le laissant illuminer de sa lumière votre intelligence et toucher de sa grâce votre cœur. […] Chers jeunes, le bonheur que vous cherchez, le bonheur auquel vous avez le droit de goûter a un nom, un visage : celui de Jésus de Nazareth, caché dans l’Eucharistie. Lui seul donne la plénitude de vie à l’humanité ! Avec Marie, donnez votre “oui” à ce Dieu qui se propose de se donner à vous. […] Celui qui laisse entrer le Christ dans sa vie ne perd rien, rien, absolument rien de ce qui rend la vie libre, belle et grande. Non ! Ce n’est qu’avec cette amitié que s’ouvrent en grand les portes de la vie”.
En avril, le jour même de l’installation de Benoît XVI, nous étions tous rassemblés en Avignon pour la fête de la Sainteté. Cette fête nous l’avons célébrée en cette année de l’eucharistie comme un appel fort à vivre toujours davantage de l’eucharistie. En accueillant, pour nous en nourrir, celui qui est la Parole et en recevant son Corps et son Sang livrés, nous communions avec lui. De cette communion avec lui découle l’exigence d’une communion authentique entre tous les fidèles et sur ce point nous avons à nous interroger : vivons-nous en communion les uns avec les autres dans une charité vraie ? Sommes-nous vraiment des artisans d’unité et de communion ? Et de notre communion avec le Christ et entre nous découlent tous les autres éléments de notre vie chrétienne “l’engagement à annoncer et à témoigner de l’Évangile, l’ardeur de la charité envers tous, envers les pauvres et les petits tout spécialement”.
Au moment de célébrer le Christ roi de l’univers et de tourner notre regard vers un nouveau Noël, entrons dans la profondeur du mystère de l’Incarnation. Le Christ qui s’est incarné dans le sein de la Vierge Marie il y a deux mille ans a soif de continuer à prendre chair dans chacune de nos vies pour nous donner tous ses trésors divins et nous permettre de réaliser enfin notre vocation : devenir les enfants bien-aimés du Père dans l’unique bien-aimé. Et cette bonne nouvelle, nous avons à la partager à tous nos frères les hommes.
+ Jean-Pierre Cattenoz
2005