Au jour de l’Annonciation, elle a dit “oui”, elle est là, elle écoute, elle est toute disponible pour accueillir le projet de Dieu : “Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole”. Pour nous aussi, tout commence par un oui, par une écoute, par une disponibilité totale : “Seigneur, parle, ton serviteur écoute !”. Alors, avec Marie, nous pouvons accueillir le don de Dieu, accueillir Dieu lui-même qui a soif de venir faire sa demeure en nous, de venir prendre chair dans nos vies aujourd’hui. Pendant ce carême, prenons le temps d’accueillir Dieu, donnons-lui carte blanche pour faire en nous tout ce qu’il voudra !
Au lendemain de l’Annonciation, Marie se lève et en hâte, elle part chez sa cousine Élisabeth, elle a soif de visiter sa cousine, de partager sa joie avec elle. Dieu vient de s’incarner en elle, immédiatement un mystérieux rayonnement se produit, la présence divine vient toucher Élisabeth, le petit Jean dans son sein se met à danser de joie et il transmet sa joie à sa mère et le souffle de l’Esprit les envahit. Marie, dès l’instant de l’incarnation devient, missionnaire. Nous aussi, si nous laissons Dieu prendre chair dans nos vies, sa présence non seulement nous habitera, mais rayonnera pour se donner à tous ceux que nous visiterons ; l’Esprit Saint met en œuvre en nous son dynamisme d’amour, sa joie rayonnante. Impossible d’accueillir Jésus sans devenir missionnaire, sans tambour ni trompette, tout simplement par le rayonnement de celui qui nous habite. Pendant ce carême, avec Marie, retrouvons cette joie de la Visitation.
A Noël, Marie ne dit rien, elle est la mère, elle enfante son Dieu et elle entre dans son intimité toujours plus profondément, elle garde et médite dans son cœur tous ces événements. Elle nous invite à apprendre à garder nous aussi tous ces événements dans nos cœurs, à les méditer pour entrer dans une intimité toujours plus grande avec celui qui nous habite. Contemplation et action doivent toujours s’alterner dans nos vies ; pendant ce carême, avec Marie, prenons du temps pour laisser tous ces événements habiter notre cœur.
Voici Marie qui arrive au Temple pour la Présentation, elle donne l’enfant Jésus à Syméon qui le prend et le serre dans ses bras. Et voici qu’aujourd’hui, elle le tend à chacun de nous, prenons-le et serrons-le sur notre cœur. Alors avec Syméon, le cœur plein de joie, nous pourrons dire : “Mes yeux ont vu mon Sauveur et mon Dieu !” Et nous pourrons rester là, dans un cœur à cœur où l’enfant deviendra notre maître. Mais Marie nous rappelle que son geste, nous aurons à le faire nôtre, car l’enfant, nous ne pourrons le garder pour nous, il faut le donner à nos frères et mystérieusement, plus nous le donnerons, plus nous vivrons dans son intimité. Expérimentons cela pendant ce temps du carême.
A Cana, alors que la noce bat son plein, Marie a vu qu’il n’y avait pas de vin, attentive à ce qui manque ; elle se tourne vers Jésus et lui signale ce manque qu’elle a perçu. Marie est pauvre, mais dès qu’elle perçoit un manque, elle le confie à Jésus et Jésus fera le nécessaire à sa façon. En même temps, elle nous donne la seule consigne que nous ayons d’elle dans l’Évangile : “Faites tout ce qu’il vous dira !” Voilà sa manière à elle d’être missionnaire, elle confie à Jésus les manques qu’elle a perçus et elle nous invite à nous en remettre en tout à Jésus. Pendant ce carême, entrons dans cette démarche missionnaire de Marie et Jésus pourra faire partager à nos frères la joie des noces.
Mais nous voici déjà au calvaire, Marie est là, elle est en communion avec Jésus, dans une compassion maternelle elle ne fait plus qu’un avec lui. Et voilà que Jésus au moment même où il s’apprête à enfanter l’Église qui jaillira de l’amour de son cœur transpercé, associe pleinement Marie à cet enfantement en lui donnant de devenir la Mère de chacun de nous dans la puissance de l’Esprit Saint. Alors, pendant ce carême, comme le disciple bien-aimé que vous êtes, prenez Marie chez vous et entrez à votre tour dans cette fécondité de grâce que le Seigneur veut pour chacun de nous.
Au matin de Pâques, Marie reste la Mère, elle reste dans l’ombre ; mais elle est là de nouveau au soir de l’Ascension, en prière, entourée des premiers disciples ; elle s’apprête à commencer sa nouvelle mission : être la mère de tous ceux qui deviendront enfants de Dieu et membres du corps mystique de son Fils. Au matin de la Pentecôte, comme à l’aube de l’Annonciation, elle enfante dans la puissance de l’Esprit Saint le corps de son Fils. Si vous l’avez pris chez vous, alors elle vous associera mystérieusement à cet enfantement, toujours dans la puissance de l’Esprit Saint, une nouvelle manière de vivre la mission.
Bon carême à tous avec Marie !
+ Mgr Jean-Pierre CATTENOZ
Carême 2007