Tu es là, toi le roi de l’univers, notre roi, revêtu d’une pourpre de dérision, une couronne d’épines sur la tête et un roseau en guise de sceptre. Et ton désir est de nous révéler ta véritable royauté !
Tu es là sur le chemin du calvaire, tu portes ta croix. Le monde se déchaîne autour de toi, toute la violence du monde est là sur le chemin du Golgotha, tout le péché du monde, notre péché, mon péché. Et pourtant, avec le disciple bien-aimé, nous voulons te suivre jusqu’au pied de la croix.
En même temps, nous entendons chanter le coq car comme Pierre et les autres, nous ne cessons de t’abandonner et de répéter comme Pierre : “Je n’en suis pas”, “Je ne connais pas cet homme”.
Et pourtant, avec la Vierge Marie et les saintes femmes, avec le disciple bien-aimé, nous voulons garder les yeux fixés sur toi pour nous unir à ta souffrance, pour communier à ta souffrance.
Jésus, tu es là sur la croix, tu agonises, ta souffrance atteint son paroxysme : tu portes dans ton cœur divin tous les péchés de tous les hommes de tous les temps. Tu portes mon péché !
Jésus, tu nous invites à venir prendre la place du disciple bien-aimé et à rester là près de la Croix, à côté de Marie ta Mère pour t’entendre nous dire aujourd’hui encore : “Voici ta Mère !” Et à Marie tu dis en me regardant : “Voici ton Fils” Et tu nous invites à prendre Marie chez nous pour qu’elle soit notre Mère et puisse aujourd’hui encore nous enfanter dans la grâce de ta Pâque.
Jésus, voilà que tout est accompli, il te reste à poser un dernier geste, à boire le vinaigre, toute l’amertume du monde est là sur tes lèvres. Alors tu peux prononcer tes derniers mots : “Tout est accompli !” Alors tu peux laisser l’Esprit jaillir sur le monde comme au premier jour de la création. Il jaillit de ton cœur divin et va pouvoir transformer le monde, me transformer pour que je devienne Bar Abbas, le Fils bien aimé du Père comme toi, avec toi et non plus le condamné à mort que j’étais devenu par mon péché.
Mais déjà les soldats s’approchent et l’un d’eux te donne le coup de grâce pour que jaillisse la source des eaux vives : l’eau et le sang, l’eau symbole du baptême et le sang symbole de l’eucharistie, le baptême et l’eucharistie les deux sacrements qui font l’Église. La nouvelle Ève, l’Église, jaillit du côté du nouvel Adam endormi sur la Croix, l’Esprit lui est donnée pour faire en elle toute chose nouvelle.
O Jésus, nous voulons maintenant rester là au pied de la croix dans le silence pour accueillir à notre tour ces torrents de Vie et d’Amour qui jaillissent de ton cœur divin transpercé...
+ Mgr Jean-Pierre CATTENOZ
Semaine Sainte 2007