Aujourd’hui, une véritable entraide continue avec ces Églises et nous serons sollicités le dimanche des missions pour leur venir en aide. Pour avoir vécu des années en Afrique, je sais combien les jeunes Églises nous sont redevables pour toute l’aide que nous leur apportons et j’ai été le témoin de la générosité des chrétiens du Vaucluse. Il est important de continuer à vivre cette générosité entre Églises.
En même temps, je revois encore ce livre vieux de plus de cinquante ans au titre en son temps provocateur ou prophétique : “France pays de mission !” Notre pays, notre terre de Provence sont devenus terre de mission. Nous avons à mettre en œuvre une dynamique de la mission pour annoncer Jésus-Christ à tous nos frères, pour leur partager le trésor qui est le nôtre et que nous ne pouvons pas garder pour nous. Le cri de saint Paul a gardé toute son actualité : “Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile !”
Chacune de nos paroisses cherche comment rejoindre les familles qui n’ont plus aucun contact avec l’Église, notamment dans tous les quartiers neufs de nos villages et de nos villes. Tous les prêtres avec les équipes de laïcs qui les entourent œuvrent à travers les préparations de baptêmes et de mariages pour une authentique évangélisation. Il en est de même des obsèques lieu privilégié d’une annonce de la bonne nouvelle de Jésus le sauveur. De nombreuses initiatives sont prises pour accompagner les “recommençants” qui vivent un véritable chemin de conversion. Il serait souhaitable que reprennent les missions paroissiales ; elles ont longtemps été le lieu d’une évangélisation en profondeur, les calvaires et les croix de mission en témoignent.
Cette année la Mission Ouvrière fête ses cinquante ans et elle nous pose une véritable question : que faisons-nous pour rejoindre tout ce monde au milieu duquel œuvrent la JOC, l’ACE et l’ACO ? Tout ce monde ouvrier a soif de la bonne nouvelle de Jésus et le Seigneur a soif de les rejoindre par nous pour leur partager tous ses trésors divins. Il en est de même du monde rural : le MRJC a pratiquement disparu et le CMR est présent seulement dans le Nord Vaucluse ; il reste aussi quelques équipes d’aînés, le CAMR.
Ce constat nous interroge sur la vitalité des mouvements dans notre diocèse. Quand on sait tous les fruits portés par la JAC, la JOC et les mouvements d’action catholique dans notre diocèse il y a quelques décennies, la question de leur quasi disparition malgré les efforts de quelques uns, doit nous interroger : que faire pour évangéliser notre monde d’aujourd’hui ? Sommes-nous vraiment fidèles à la consigne de Jésus à la fin de l’Évangile de saint Matthieu : “Allez par le monde entier, faites des disciples…” ? Le Concile Vatican II a longuement travaillé la question de la vocation des laïcs d’être présence rayonnante du Christ au cœur du monde. Comment avons-nous reçu, accueilli et mis en œuvre ce qu’il nous a dit, autant de questions qu’il nous faut reprendre pour aller de l’avant.
La place de la vie consacrée dans le dynamisme missionnaire d’une Église est également une véritable question. Depuis cinq ans de nombreuses communautés religieuses ont quitté le diocèse faute de relève et l’hémorragie continue : cela ne peut nous laisser indifférent quand on sait la place qu’elles tenaient dans la pastorale concrète de nos paroisses et du diocèse. L’absence de prêtres résidents dans nombre de paroisse pose également question.
Certes, l’accueil de communautés et de prêtres venus de l’extérieur posent de nouvelles questions à notre diocèse : comment les accueillir ? Comment les aider à entrer dans la réalité de notre monde provençal ? Comment les aider à mettre en œuvre leur charisme au sein de nos paroisses ? Comment développer une véritable culture de la communion entre nous tous comme nous y invitait le Pape Jean-Paul II à l’aube du XXIe siècle ?
Peut-être même, pourrions-nous nous demander si nous acceptons de voir s’inverser le courant qui autrefois a conduit de nombreux provençaux aux quatre coins du monde - Le séminaire des missions à Notre-Dame de Lumière en porte témoignage -. Aujourd’hui, nous avons besoin d’aide pour retrouver le dynamisme missionnaire qui était le nôtre, pourquoi en avoir honte, mais sachons prendre les moyens pour mettre tout en œuvre et réussir le défit qui nous est offert : faire Église tous ensemble dans la communion pour le service de la mission et le rayonnement de la Lumière du Christ en terre de Vaucluse.
+ Mgr Jean-Pierre CATTENOZ
1er octobre 2007