Dans quelques semaines, elle mettra au monde celui par qui tout a été fait. Nous serons invités à venir le découvrir avec les bergers dans une crèche de Bethléem au milieu des animaux. Puis, quelques jours après, nous rejoindrons les Mages au moment même de leur arrivée. Avec eux, nous entrerons dans la maison et nous contemplerons l’Enfant avec Marie sa Mère et nous pourrons nous prosterner pour lui rendre hommage ; nous ouvrirons nous aussi nos coffrets pour lui offrir en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Avec les mages, nous reconnaîtrons dans cet enfant notre Roi et notre Dieu car ils lui offrent l’or, présent royal, et l’encens destiné à brûler devant Dieu, enfin, nous annoncerons de manière prophétique sa mort en offrant par avance la myrrhe pour l’embaumement. Dieu est là en cet enfant et les mages venus d’Orient ont reçu mission de nous l’annoncer. Le Tout Puissant a voulu se faire petit enfant et les mages nous inviterons à nous joindre à eux pour entrer à notre tour dans le mystère et nous laisser guider par l’étoile jusqu’à cette mystérieuse rencontre de la Puissance de Dieu présente au cœur même de la faiblesse humaine d’un enfant.
Puis, à l’entrée du Temple de Jérusalem, avec le vieillard Siméon, nous pourrons prendre l’enfant dans nos bras et dire : “Maintenant, Souverain Maître, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s’en aller en paix ; car mes yeux ont vu le salut que tu as préparé à la face de tous les peuples, lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple Israël !” (cf. Lc 2, 22-32)
Tout est dit, tout le mystère est là sous nos yeux, ce mystère du Dieu trois fois Saint, du Dieu fort qui vient au milieu de nous comme un enfant, dans la faiblesse et la pauvreté d’un enfant, mais aussi dans la confiance de l’enfant. Son unique désir est de nous révéler le chemin de la vie.
Tout au long de l’année liturgique, nous pourrons suivre Jésus, nous le rejoindrons au bord du Jourdain puis dans la synagogue de Capharnaüm. Avec lui, nous parcourrons les chemins de Galilée. Avec lui, nous monterons à Jérusalem pour la fête et nous l’entendrons nous dire : “Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive !”
Alors et ce sera déjà le carême, nous le suivrons sur le chemin du calvaire. Avec le disciple bien-aimé, nous serons là, au pied de la croix. Nous verrons jaillir la source de la vie de son cœur transpercé. Au matin de Pâque, nous entendrons les anges nous annoncer l’incroyable : “Il est vivant !” Et de nouveau, avec Marie, nous serons là unanimes en prière, dans l’attente et du don de l’Esprit et de notre engendrement dans le Corps du christ par Marie dans la puissance de l’Esprit.
Ensuite, il faudra plusieurs mois pour tourner les pages de notre Évangile et relire toutes les paraboles et tous les signes qui nous ont été donné pour découvrir cette vie nouvelle dans laquelle nous sommes invités à entrer. Et il ne faudra pas trop de toute une vie pour nous permettre de nous laisser apprivoiser et habiter par ce Dieu qui nous aime tant qu’il a voulu venir partager notre vie humaine pour que nous puissions à notre tour partager sa propre vie divine.
Dans la liturgie, il nous est donné tout à la fois de rappeler le passé, de l’actualiser pour nous aujourd’hui et en même temps de sentir grandir en nous le désir de voir arriver la réalisation ultime du projet du Père, le moment où Dieu sera tout en tous et où nous serons comme des petits enfin entre ses mains divines.
Avec le ravi de la crèche, je suis là, émerveillé de voir qu’aujourd’hui encore, d’année en année, j’entre toujours plus profondément dans le mystère de Noël, dans le mystère de la venue de Dieu au milieu de nous jusqu’au jour où dans le ciel, les anges chanteront de nouveau : “Un enfant vous est né, un enfant de Dieu vient enfin d’arriver à la plénitude de la Vie !” C’est notre vocation à tous, et la liturgie, la messe dominicale nous conduit de dimanche en dimanche, de fête en fête jusqu’au jour où nous aurons enfin compris que la sainteté est une chose toute simple qui consiste à devenir petit enfin entre les bras de notre Père du ciel à l’image du fils bien-aimé dans lequel nous vivrons pour toujours.
+ Mgr Jean-Pierre CATTENOZ
Décembre 2007