En ces premiers jours de l’année, nous sommes invités à rejoindre les mages, à nous mettre en route nous aussi avec eux, et à partir à la rencontre du Roi qui vient de naître. Quelle surprise, à notre arrivée nous trouvons seulement une jeune femme et son bébé ! Mais heureusement, l’Esprit Saint qui nous avait tous pressés de partir à la rencontre de l’enfant, nous invite maintenant à nous prosterner devant lui et à l’adorer ! Il nous révèle à travers ce geste bien étrange, posé devant un tout petit, la nature même de ce nouveau-né : il est Dieu parmi nous, il est l’Emmanuel.
Avec les mages et sous la conduite de l’Esprit Saint, nous pouvons tous adorer ce tout petit : il est vraiment notre Roi à tous, notre Dieu et celui qui mystérieusement donnera sa vie pour chacun de nous. Mais pourquoi donc s’est-il fait petit enfant ? En réalité, il se révèle ainsi dans sa véritable nature : engendré par le Père de toute éternité, il est le Fils bien-aimé du Père, et l’amour qui les unit est l’Esprit Saint lui-même. Comme fils bien-aimé, il se reçoit en permanence de son Père, il est totalement dépendant de son Père. Or, notre vocation à tous étant de vivre en lui, il nous faut accepter de nous recevoir totalement du Père d’instant en instant et pour toujours afin de devenir les enfants adoptifs du Père dans l’unique Bien-aimé. Cela seuls les tout-petits peuvent le comprendre et se laisser habiter par le Christ.
Avec les mages, nous reconnaissons en lui notre Roi, mais attention pour le reconnaître vraiment comme notre Roi, il nous faudra attendre la nuit de Pâque et contempler l’Innocent crucifié qui, élevé de terre, nous attire tous à Lui. Il n’a plus visage humain, il porte le péché des multitudes, il porte mon péché et s’en va mourir à ma place pour me permettre de retrouver la vie en lui dans la lumière du matin de Pâque. Il porte une couronne d’épines, il a pour trône une Croix et nous révèle l’humilité de Dieu !
Avec les mages, nous reconnaissons en Lui notre Dieu, mais attention, laissons de côté toutes nos idées sur Dieu et restons là au pied de la Croix à contempler l’Innocent crucifié qui s’offre au Père pour nous. Tout cela en dit long sur son amour pour nous, sur la puissance de sa miséricorde. Il se donne pour nous en prenant la dernière place.
Avec les mages nous pouvons continuer à lui offrir de la myrrhe, ce parfum utilisé pour ensevelir les morts pour reconnaître en lui la puissance de l’Innocent crucifié. N’ayons pas peur de rester là au pied de la Croix avec la Mère de Jésus, la nouvelle Ève, et avec le disciple bien-aimé que nous sommes tous appelés à devenir, là se joue non seulement mon histoire, mais l’histoire de l’humanité tout entière ! Il meurt à ma place et m’attire à lui pour m’engendrer à une vie nouvelle en Lui.
Nous pouvons continuer à contempler l’Innocent crucifié en demandant à la Vierge Marie de nous enfanter dans la puissance de l’Esprit Saint à cette vie divine pour laquelle nous sommes faits, mais dont nous avons perdu le goût en cherchant nos repères et nos amitiés loin de Lui. Marie qui est là, contemplant les merveilles de Dieu, les médite en son cœur, s’en imprègne et se laisse modeler par elles. Non seulement elle est la Mère de Jésus, mais elle devient la Mère de tous ceux qui se laissent engendrer au souffle de l’Esprit, elle est l’icône de l’Église à venir. Plus je la regarde, plus je découvre en elle le mystère de l’Église, plus je la contemple, plus je découvre en elle l’Esprit Saint à l’œuvre.
En ces premiers jours de l’année, n’ayons pas peur de nous détacher de tout ce qu’il y a d’artificiel dans nos vies, de tout le “bling-bling“ de façade qui remplit notre vie de bruits, de paroles creuses et vides et nous empêchent de descendre au plus profond de nos cœurs pour y découvrir et y retrouver Celui qui est venu faire sa demeure en nous dans la nuit de Noël et attend avec une patience toute divine que nous lui ouvrions notre cœur pour vivre de sa présence.
Pour cela, je ne peux vous souhaiter qu’une chose pour cette nouvelle année, que nous nous convertissions tous pour vivre au rythme de l’enfant Dieu, pour rejoindre l’Innocent crucifié et apprendre à nous laisser aimer par lui et à vivre en lui au rythme de son amour, d’un amour ouvert à tous.
+ Jean-Pierre Cattenoz