[Depuis l’assemblée générale de la Conférence des Evêques de France à Lourdes]
Dans son discours d’ouverture, Mgr Pontier nous invite à regarder les événements de notre monde dans la lumière de l’Evangile ; il y a alors un regard différent qui se pose sur les hommes et les femmes, sur les événements. Cela nous permet de nous laisser guider sur un chemin d’espérance.
Puis nous avons dialogué sur les situations d’actualités. Nous sommes à la veille des élections régionales et on sent bien toutes les tensions qui règnent. Nous, en tant qu’évêques, avons un devoir de réserve, même si nous sommes attentifs à tout ce qui se passe.
Nous avons aussi eu une rencontre avec un évêque de la République démocratique du Congo. Il nous a parlé de la venue, en France, de prêtres venus d’ailleurs. Nous avons depuis un an, un groupe de travail qui réfléchit comment mieux accueillir nos frères prêtres des Eglises d’Afrique, des pays de l’Est ou d’Amérique latine qui viennent nous aider ; comment les accueillir en tenant compte de la richesse de leur dynamisme missionnaire, car ce sont vraiment des missionnaires qui viennent nous aider à retrouver le dynamisme de l’Esprit Saint. Ce fut pour nous une invitation à être beaucoup plus attentifs que nous ne le sommes actuellement. Ils quittent souvent des postes à responsabilité pour passer humblement un temps dans nos paroisses en tant que vicaires. Je suis émerveillé chez nous à Avignon de voir tout ce que ces prêtres font en venant nous aider temporairement…en attendant que nos églises retrouvent ce dynamisme vital ! Il nous faut prier pour les vocations. A Pentecôte, nous sommes tous invités le lundi, à nous retrouver à la Sainte Baume pour implorer la Sainte Vierge pour avoir les vocations dont nous avons besoin au cœur de notre Eglise d’aujourd’hui.
Nous avons ensuite abordé un thème qui occupe l’Eglise depuis plus de 2 ans : les synodes sur la famille. Nous avons tous été émerveillés d’entendre le compte-rendu des 5 représentants de la conférence épiscopale au synode. Ils nous ont montré qu’au-delà de toutes les tensions qui ont marqué cette assemblée synodale, il y a eu la volonté de se mettre tous sous la lumière de l’Evangile, avec l’aide du Pape François qui, sans cesse nous invite à être des hommes de la Miséricorde de Dieu et de l’Evangile. Il nous faut maintenant attendre la Lettre post-synodale d’ici quelques mois ; elle nous permettra de voir les orientations que le Saint Père souhaite donner à l’Eglise à l’issue de ces deux synodes sur la famille.
Dans les différents partages que nous avons eus, on a bien senti des conceptions différentes sur des questions cruciales ; le compte-rendu de nos frères évêques a été cependant plus calme, malgré les questions sous tension comme la question des divorcés –remariés : pourront-ils communier ? Il faut aborder ces questions sous l’angle de la lumière de l’Evangile : là se trouveront des chemins nouveaux que l’Esprit Saint veut pour notre Eglise. Je souhaite que toutes nos paroisses du Vaucluse puissent se préparer à accueillir cette Lettre post-synodale, lumière que le Saint Père nous donne pour les années à venir.
Autre sujet : les migrants.
Le cardinal-archevêque de l’île de Lampedusa nous a montré comment les habitants de l’île ont accueilli et accueillent les réfugiés, comme des pauvres accueillent des pauvres. Voilà est une très belle vision de la charité évangélique ; en même temps, il s’agit d’un scandale terrible : les associations caritatives estiment à 50 000 le nombre de personnes qui ont péri en Méditerranée depuis une année. Et le flux ne s’arrête pas ; personne ne pourra arrêter ce mouvement de migrations venu du sud quand on connaît en plus les conditions de vie des pays sub-sahéliens. Il faut que nous, occidentaux, réfléchissions à l’accueil des migrants, qu’ils viennent de Syrie ou d’Irak. L’Etat français a décidé d’accueillir environ 30 000 personnes. Mais qu’en sera-t-il pour ces centaines de milliers de personnes qui continuent à envahir l’Europe ? Que fait-on pour leur permettre de trouver leur place dans notre société ? En voyant les frontières se fermer les unes après les autres, je suis moi-même plein de questions : comment répondre à ce que Jésus nous dit dans la parabole des fins dernières : « J’étais étranger et vous m’avez accueilli » ? Allons-nous vraiment accueillir ces hommes et ces femmes qui sont sur les routes de l’Europe depuis quelques semaines ou mois et qui continuent à arriver dans un flot continu ? Bien sûr il faudrait œuvrer davantage pour leur permettre de pouvoir rester dans leur pays. Je suis scandalisé par la réponse que nous donnons, nous la France, en allant bombarder avec d’autres pays occidentaux, l’Irak ou la Syrie ; car jamais aucun bombardement n’a pu mettre fin à une guerre. Ce sont en plus des dépenses parfaitement inutiles.
Que faire, en revanche, pour permettre à tous ces gens de rester dans leur pays ? Comment aussi arrêter le développement de groupes comme Daech ?
Que faire pour rayonner l’Evangile dans un véritable dialogue avec nos frères musulmans, pour arriver à vivre ensemble au cœur de notre monde d’aujourd’hui ?
Derrière tous les enjeux politiques qui traversent notre pays, je souhaite qu’il y ait un dialogue entre chrétiens et musulmans, non seulement dans l’ordre de la charité, mais aussi dans l’ordre de la justice .
Confions tout cela à la prière de la Sainte Vierge ! Portons dans notre prière toutes ces choses qui nous dépassent complètement : l’Esprit Saint, Lui, peut nous y aider.