Le Père découvre en toi la parfaite réalisation de son projet créateur, le Père nous veut tous comme toi, comblés de grâce, saints et immaculés en sa présence dans son amour. Le Fils prononce un seul mot en te regardant : “Maman !” Oui, tu es la Mère de Dieu, quel mystère insondable. L’Esprit Saint, lui, tressaille d’allégresse car il te sait toute livrée à son emprise, à son amour, toute donnée. Il le sait bien : plus nous te contemplons, plus nous le découvrons, lui, l’Esprit, présent et agissant en toi ; plus nous te contemplons, plus nous découvrons en toi le mystère de l’Église, notre propre mystère.
Tu es bénie entre toutes les femmes : tu as enfanté le nouvel Adam dans une terre vierge, tu as enfanté Dieu dans le cours du temps et pour chacun de nous s’ouvre l’aube d’une nouvelle création. Tu es la Mère de Dieu, tu es la Mère de mon Seigneur et tu ne cesses de venir nous visiter ; par ta présence et à ta voix, l’Esprit Saint nous est donné pour que Dieu puisse à son tour naître en chacun de nous.
Vierge Marie, tu adhères déjà au projet créateur et ta seule question est de demander à l’ange :“Comment cela se fera-t-il ?” Avec toi, nous entendons Gabriel te murmurer : “L’Esprit Saint viendra sur toi et la Puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre.” Tu deviens le Temple de l’Esprit, en toi se réalise, s’accomplit le mystère, Dieu prend chair en toi, l’enfant Dieu est là en toi. Alors, tu as dit "oui" : “Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta Parole”. Tu l’as compris, pour Dieu dire et faire c’est tout un. Tu l’as compris, celui qui doit naître de toi est le serviteur annoncé par les prophètes et toi, tu seras la servante du Seigneur.
Tu nous montres le chemin : Dieu a soif de pouvoir naître en chacun de nous, il veut habiter notre chair, habiter notre vie pour l’illuminer de sa présence, lui qui est la Lumière du monde. Il a soif de déployer sa propre vie divine dans le quotidien de nos vies. L’Esprit Saint sera à l’ouvre pour nous faire naître à la vie divine, pour faire naître le Verbe en nous. Nous aussi, nous devrons dire à notre tour : “Qu’il me soit fait selon ta parole !” Nous aussi nous devrons devenir serviteur et servante pour nous laisser identifier à Jésus car rien n’est impossible à Dieu.
Mais Marie, te voilà déjà partie en hâte pour visiter ta vieille cousine, l’amour divin brûle en ton cour et a soif de se répandre, de se communiquer. Déjà tu vis du double amour de Dieu et du prochain, il n’en fait qu’un. L’amour a soif de tout donner et de se donner soi-même. Tu portes Dieu caché en toi, lui l’Emmanuel est là ! Sa joie est d’habiter de nouveau notre terre, d’être au milieu de nous, d’être l’Emmanuel. Par toi, il vient visiter sa terre, nous visiter pour nous unir à lui. Comme toi, Marie, par la grâce de notre baptême, il est là caché en nous et nous avons à le porter à nos frères. La mission s’inscrit dans cette grâce et nous pourrions tous ensemble demander à Marie de pouvoir partager cette grâce. L’Amour divin présent en nous pourra rayonner dans nos vies, et la puissance de l’Esprit Saint agira.
En 1830, tu es venue nous donner la médaille miraculeuse en apparaissant à Catherine Labouré rue du Bac à Paris, pour nous inviter à te prier par ses mots : “Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous” Et tu as dit que ceux qui porteraient cette médaille recevraient de grandes grâces. En 1854, il y a cette année 150 ans, l’Église définissait enfin le dogme de l’Immaculée Conception, prenant conscience que tu étais dans ta conception même le premier fruit de la Croix de ton Fils. Oui, tu as été conçue sans péché par une grâce venant déjà du cour transpercé de ton Fils. En 1858 enfin, tu es venue trouver la petite Bernadette pour lui révéler ton nom : “Que soy era immaculada concepciou” - “Je suis l’Immaculée Conception”.
Puissions-nous tous, comme le disciple bien-aimé, entendre et faire nôtre la parole de Jésus en Croix : “Voici ta Mère !” et agir comme lui dont l’Évangile nous dit : “A partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui.” C’est la grâce que je vous souhaite à tous en cette veille de Noël.
+ Jean-Pierre Cattenoz
Décembre 2004