Un trésor que nous portons dans des vases d’argile

9 juillet 2011

Mot de l’évêque - EDA n°70bis

"A tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom, eux qui ne furent engendrés ni du sang, ni d’un vouloir de chair, ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu." (Jn 1, 12-13)

Si nous accueillons celui qui est venu partager notre humanité, alors il nous donne de pouvoir devenir enfant de Dieu, d’être littéralement engendrés à la vie divine. Mais comme le dira Saint Paul : "Ce trésor nous le portons en des vases d’argile, pour que cet excès de puissance soit de Dieu et ne vienne pas de nous » (2 Co 4, 7).

Dans la nuit de Pâque, il m’a été donné d’engendrer à cette vie d’enfant de Dieu trois adultes. Quel mystère que cette mystérieuse naissance ! Elle nous fait membre de la famille de Dieu, enfant adoptif du Père dans l’unique bien-aimé, son Fils, Jésus. Il est justement venu non seulement partager notre humanité, mais surtout prendre sur lui nos maladies et nos infirmités, tout notre péché pour nous permettre de vivre aujourd’hui cette naissance divine qui ne vient pas faire nombre avec notre vie humaine, mais qui vient lui permettre de déployer des richesses, des virtualités insoupçonnées.

En même temps, notre humanité reste marquée par bien des séquelles du péché et par notre propre péché personnel qui vient abîmer en nous cette vie d’enfant de Dieu. Alors, oui, nous pouvons dire que ce trésor nous le portons en des vases d’argile et ce serait terrible si Dieu dans son amour de miséricorde n’avait pas voulu venir à notre secours et laisser couler de son coeur transpercé sur la croix les torrents d’eau vive qui ne cessent de nous rendre la vie, de la restaurer, de lui donner de grandir en vue de nous permettre de nous laisser transfigurer en Christ.

Cette source vive nous rejoint à travers les sacrements dans lesquels Dieu nous donne tout ce qu’il nous faut pour réaliser notre vocation d’enfant de Dieu. A la confirmation, Dieu met en place en nous tout ce qui permettra à l’Esprit Saint d’agir en nous quand il voudra et comme il voudra pour venir au secours de notre faiblesse et nous permettre de devenir des saints, de trouver notre place dans le Corps du Christ et de devenir de vrais missionnaires de l’Évangile. Devenir des saints consiste à se laisser habiter et conduire par l’Esprit Saint. Trouver sa place dans le Corps du Christ consiste à se nourrir du corps du Christ pour nous laisser configurer à lui et trouver ainsi la place qu’il veut pour nous dans son Corps qui est l’Église. Être missionnaire de l’Évangile consiste à être prêt à témoigner de Jésus en permanence ou pour dire les choses d’une autre manière, cela revient à laisser briller à travers notre vie de tous les jours la lumière du Christ qui nous habite.

A la veille de Pentecôte, lors d’une confirmation de 80 jeunes, comme souvent pendant les confirmations je sens une souffrance profonde m’envahir en percevant combien ce trésor qui nous a été donné est enfoui tellement profondément qu’il ne rayonne plus. Je souffre de savoir que beaucoup de jeunes et de familles ne perçoivent plus combien l’eucharistie est une nourriture vitale pour notre vie d’enfant de Dieu. Oui, ce trésor nous le portons vraiment en des vases d’argile. Et cela, je le sais d’abord pour moi-même, nous sommes tous des pauvres, des infirmes, des boiteux, mais nous sommes infiniment aimés de Dieu et si nous acceptons qu’il dépose en nous l’humilité alors tout devient possible. En effet, l’humilité et elle seule attire Dieu immanquablement et lui permet de nous faire cheminer vers la vérité.
Prenant alors conscience de toute la gangue qui nous paralyse, nous pouvons nous jeter dans ses bras divins et nous laisser transfigurer par lui en son Fils bien-aimé jusqu’à ne faire plus qu’un en lui. Mais attention par contre ! l’orgueil empêche radicalement Dieu de pouvoir agir en nous ; malgré toute sa tendresse l’orgueil l’arrête.

Aussi n’ayons pas peur de nous reconnaître pauvres et pécheurs et d’aller puiser en permanence aux sources de la vie, aux sources des sacrements.
Bon été à tous et n’oubliez pas qu’avec Dieu, il n’y a pas de vacances, il est toujours prêt à se donner à nous et à tout nous donner.