La joie de l’Évangile, la lettre du pape François à la suite du synode sur la Nouvelle Évangélisation est un véritable programme proposé par le Saint-Père pour les années à venir. Au numéro 25, le pape François écrit non sans humour : « Je n’ignore pas qu’aujourd’hui les documents ne provoquent pas le même intérêt qu’à d’autres époques,
et qu’ils sont vite oubliés. » Nous savons tous très bien ce que cela veut dire : combien de textes et de livres nous ont touchés au moment de leur publication, mais ont vite rejoint un rayon de bibliothèque où ils se reposent en attendant des jours meilleurs ?
Le pape continue en écrivant : « Cependant, je souligne que ce que je veux exprimer ici a une signification programmatique et des conséquences importantes. J’espère que toutes les communautés feront en sorte de mettre en oeuvre les moyens nécessaires pour avancer sur le chemin d’une conversion pastorale et missionnaire, qui ne peut laisser les choses comme elles sont. Ce n’est pas d’une “simple administration” dont nous avons besoin. Constituons-nous dans toutes les régions de la terre en un “état permanent de mission” ? » (n° 25). Il s’agit d’un véritable programme de conversion pastorale et missionnaire que nous avons à mettre en oeuvre concrètement et qui nous mettra en état permanent de mission.
Un peu plus loin, le Saint-Père précise les exigences de la mise en oeuvre d’un tel programme : « La pastorale en terme missionnaire exige d’abandonner le confortable critère pastoral du “on a toujours fait ainsi”. J’invite chacun à être audacieux et créatif dans ce devoir de repenser les objectifs, les structures, le style et les méthodes évangélisatrices de leurs propres communautés. Une identification des fins dans une adéquate recherche communautaire des moyens pour les atteindre est condamnée à se traduire en pure imagination. J’exhorte chacun à appliquer avec générosité et courage les orientations de ce document, sans interdictions ni peurs. L’important est de ne pas marcher seul, mais de toujours compter sur les frères et spécialement sur la conduite des évêques, dans un sage et réaliste discernement pastoral. » (n° 33.)
Nous avons donc à oeuvrer pour accueillir ce programme, le faire nôtre et en être les témoins auprès de tous nos frères. La première chose nécessaire est de lire ce texte magnifique et non de s’en tenir à quelques phrases rapportées par la presse. Ensuite, en Église, dans nos paroisses, dans toutes nos communautés de base, nos petites cellules de vie, nous avons à travailler ce texte pour voir se dégager le programme de vie que nous propose le Saint-Père. Il nous faudra alors regarder comment être audacieux et créatifs pour mettre en oeuvre dans nos vies et dans nos communautés ce chemin de vie qui nous est donné.
Enfin, il faudra nous mettre en route sans en rester à de bonnes paroles, un chemin de conversion s’ouvre sous nos pas pour retrouver toute la vitalité de l’Évangile à partir de sa source Jésus, le Fils bien-aimé du Père qui s’est fait l’un de nous et qui nous invite « à devenir ses disciples en nous décentrant de nous-mêmes, en portant chaque jour notre croix et en marchant à sa suite » (Mc 8, 32).
En même temps, je vous invite à ne pas oublier la lettre pastorale que j’ai publiée au début du temps de l’Avent, une lettre qui s’inscrit dans la même veine que la lettre du Saint-Père et que nous avons à travailler pour faire Église ensemble, sous la conduite de l’Esprit Saint : oui, “qui a Jésus a tout”, tel est le coeur de l’Évangile. N’ayez pas peur de voir avec vos prêtres en paroisse comment vous mettre en route pour accueillir et faire vôtre ce chemin de conversion et de mission. Je demande aux Conseils pastoraux de réfléchir sur la mise en oeuvre de ce programme qui nous est proposé pour les années à venir et qui doit être au coeur des projets pastoraux que nous avons à mettre en place dès que possible dans nos paroisses ou secteurs interparoissiaux.
Le temps du carême sera également un temps favorable pour faire un vrai chemin de conversion pour nous-mêmes, pour nos paroisses, pour nos doyennés, pour notre Église diocésaine. Nous avons tous à porter ce projet dans notre prière pour que l’Esprit Saint soit notre force et nous guide sur ce chemin de lumière dans le Christ.
+ Jean-Pierre Cattenoz
Archevêque d‘Avignon