Les soldats lui ont même passé un manteau rouge pour se moquer jusqu’au bout et faire plus vrai que nature. Ils se prosternent devant lui et lui crachent au visage ! Et Pilate se lave les mains en disant : “Voici votre Roi !”. Il ne reste plus qu’à lui préparer un trône : une croix. Et en même temps, n’avait-il pas dit : “Et moi, élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi !” Moi qui croyais le connaître ! Je suis obligé de revoir toutes mes idées sur Dieu et je ne peux le faire qu’en venant dans la foi au pied de la Croix dans le silence de la prière.
Mais impossible d’en rester là, déjà l’Église m’invite à aller de l’avant, une nouvelle année liturgique commence. J’entends les prophètes qui viennent m’annoncer la venue de celui qui exercera le droit et la justice. Mais puis-je croire une telle chose ? Des promesses, tout le monde nous en fait, mais en fi n de compte, rien de nouveau sous le soleil, le mal continue à ronger le monde ! Le mal, je le sens présent au plus profond de moi-même comme au cœur de tous mes frères en humanité. Nous sommes tous blessés, abîmés, défigurés d’une manière ou d’une autre.
Pourtant, chaque jour, la Parole de Dieu insiste en m’annonçant la venue d’un monde nouveau : “De leurs épées, ils forgeront des socs de charrue et de leurs lances des faucilles. On ne lèvera plus l’épée nation contre nation, on ne s’entraînera plus pour la guerre”. De son côté, le prophète Isaïe nous laisse entrevoir un monde où le loup habitera avec l’agneau et où le veau et le lionceau seront nourris ensemble, conduit par un enfant. Comment y croire dans un monde ravagé par la violence ?
Ce n’est pas tout, le prophète Baruch m’invite à quitter ma robe de tristesse et de misère pour revêtir une parure divine toute resplendissante de la présence divine. Et Dieu insiste en annonçant que désormais, il nous conduira dans la joie et la lumière de sa présence avec comme escorte sa miséricorde et sa justice. Par ailleurs, le prophète Jean le Baptiste vient de reprendre son service pour nous inviter tous à nous plonger dans une véritable conversion pour préparer le chemin du Seigneur et il termine en ajoutant : “Et tout homme verra le salut de Dieu”.
Je croyais en avoir fi ni quand arriva le prophète Sophonie ; il m’invite à pousser des cris de joie, à tressaillir d’allégresse et pour lui, la raison en est simple : “Le Seigneur est en toi ! Il te renouvellera par son amour”. Je ne savais que dire quand j’entendis les foules qui disaient à Jean le précurseur : “Que devons-nous faire ?” et lui de répondre en invitant chacun à se préparer à accueillir celui qui vient faire toutes choses nouvelles. Lui, il nous baptisera, il nous plongera dans la puissance de l’Esprit Saint et c’est lui qui prendra tout en main.
Enfin, pour finir, voilà le prophète Michée qui vient nous annoncer la naissance prochaine de celui qui sera notre berger à tous par la puissance du Seigneur et lui-même sera la Paix ! Mais voilà déjà Marie qui arrive chez sa vieille cousine Élisabeth. Au moment même où elle l’a saluée, l’enfant qu’elle porte dans son sein se met à danser en tournoyant comme autre fois David devant l’Arche. Le petit Jean-Baptiste a perçu que celle qui arrivait était la nouvelle arche d’alliance qui portait celui qui porte l’univers. Deux fœtus se sont reconnus pour nous dire le mystère de celui qui vient et l’Esprit Saint s’est mis de la partie pour faire connaître le mystère ; il a rempli le cœur d’Élisabeth qui s’écrie : “Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Heureuse celle qui a cru à tout ce qui lui a été dit de la part du Seigneur.”
Alors vous aussi, entrez dans le mystère, Marie vient jusqu’à vous pour vous donner Jésus, elle vous le donnera dans la nuit de Noël. En attendant, préparez-vous à l’accueillir en ouvrant vos cœurs et en croyant du fond de vos cœurs à tout ce qui vous est dit de la part du Seigneur ! Retrouvez votre cœur d’enfant et laissez-vous saisir par l’Esprit Saint, il se chargera de vous préparer à accueillir celui qui cette année encore a soif de venir naître au plus profond de vos cœurs, là où vous ne l’avez pas encore accueilli en vérité. Bon temps de l’Avent et bon Noël à tous !
+ Mgr Jean-Pierre CATTENOZ
1er décembre 2006